Emmanuel Macron épinglé par la Commission nationale de contrôle de la campagne électorale. Officiellement candidat à sa réélection depuis le 3 mars dernier, le président de la République s'est lancé dans l'arène de la présidentielle avec une "Lettre aux Français", publiée dans son intégralité ou non dans les quotidiens de la presse régionale.
Massivement relayée sur les réseaux sociaux, cette lettre a aussi été postée sur le compte Twitter officiel de l'actuel locataire de l'Élysée suivi par quelque 7,9 millions d'abonnés. Cette publication n'a pas échappé à l'attentive Commission nationale de contrôle de la campagne électorale. Celle-ci a fait savoir aux équipes du candidat Macron ce lundi 7 mars "qu'un tel message se rattachait à la propagande électorale", affirme-t-elle dans un communiqué publié ce vendredi, et que, "compte tenu des caractéristiques de l'utilisation de ce compte Twitter, utilisé de longue date et de façon prépondérante pour relayer des messages afférents à l'exercice de ses fonctions de président de la République, il était préférable de ne pas utiliser ce compte pour y diffuser de tels messages".
La Commission a ainsi "invité" Emmanuel Macron à "retirer ce message du compte Twitter @Emmanuel Macron", "ces messages (se rattachant à la propagande électorale) ayant vocation à être diffusés sur le compte spécialement créé par le candidat et son équipe pour les besoins de la campagne en vue de l'élection présidentielle". C'est désormais chose faite.
La biographie du compte @Emmanuel Macron a, en outre, été modifiée, comme le relève, sur Twitter, le journaliste politique à "La Croix", Gauthier Vaillant, ce matin. Pour suivre l'actualité de la campagne du candidat Emmanuel Macron, le compte du président de la République renvoie désormais au compte @avecvous et la photo de l'affiche de campagne, utilisée encore hier comme photo de profil, a été remplacée par une photo présidentielle.
Un retweet d'un message du compte du candidat (@avecvous) par le compte du chef de l'État effectué le 7 mars, qui relayait le déplacement d'Emmanuel Macron à Poissy, a également été supprimé ces dernières heures, selon "Le Monde". La Commission ne fait, en revanche, pas état des publications du président candidat sur ses autres réseaux sociaux. Mais ce matin encore, une vidéo d'Emmanuel Macron, déroulant, le 8 mars dernier, son projet pour l'égalité entre les femmes et les hommes pour les cinq prochaines années, était visible sur Instagram et TikTok, comme l'a repéré "Le Parisien".
Le 28 février dernier, la Commission nationale de contrôle de la campagne électorale en vue de l'élection présidentielle avait pourtant publié un avis détaillé sur l'utilisation par les candidats de comptes de réseaux sociaux dans le cadre de la campagne présidentielle. Elle relevait notamment "qu'il importe que les comptes des candidats sur les réseaux sociaux ne soient pas utilisés d'une manière conduisant à confondre l'exercice de fonctions officielles avec la propagande se rattachant à la campagne électorale".
Le 8 mars dernier Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national, avait ainsi fustigé, sur RMC, "l'utilisation des moyens de l'Élysée au bénéfice du candidat (diffusion de la lettre, vidéo...)". Ces dernières semaines, les adversaires d'Emmanuel Macron ont plus largement reproché au président de la République de faire campagne avec les moyens de la présidence de la République. Certains, à l'image du patron des Républicains, Christian Jacob sur franceinfo: le 4 février, l'accusant de "détournement de fonds publics". "On a un président qui se sert des deniers publics pour faire sa campagne. Comment ça s'appelle lorsqu'un un président de la République utilise les moyens de la République, non pas pour exercer ses responsabilités mais en réalité pour faire campagne ?".
Plus récemment, ces critiques ont aussi été dirigées à l'encontre des ministres. L'opposition n'a que peu goûté l'annonce, sur RTL, par Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, du projet du candidat Emmanuel Macron de reporter l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 65 ans. "Le ministre Gabriel Attal annonce une réforme des retraites à 65 ans au nom du candidat Macron. Dangereux et grossier mélange des genres", a dénoncé sur Twitter, le député Éric Ciotti chez Les Républicains. Pierre-Henri Dumont, l'un de ses collègues à droite, a estimé, quant à lui, que "si Gabriel Attal veut faire des annonces de campagne, il doit démissionner du gouvernement".