La réponse du berger à la bergère. Ce mardi, "Le Monde", à travers la plume de son directeur de la rédaction, Luc Bronner, tient à réagir à la plainte contre X de Françoise Nyssen. En effet, hier soir, la ministre de la Culture a fait savoir sa "stupéfaction" concernant la publication de pistes de travail au sujet d'une réforme de l'audiovisuel public et a annoncé porter plainte "après cette diffusion de documents provisoires, qui n'avaient pas vocation à être rendus publics."
Parmi les révélations du "Monde", le ministère de la Culture envisagerait de regrouper France Télévisions, Radio France et les autres sociétés du secteur de l'audiovisuel public. A travers ce mouvement, il aurait eu l'intention de supprimer la chaîne des outre-mers, France Ô, et de basculer sur le numérique les médias jeunesse France 4 et Le Mouv'. Outre ces mesures, il serait précisé dans le document que des suppressions de postes n'étaient pas à exclure et que le CSA verrait son pouvoir de nomination des présidents retiré. Ce projet pourrait potentiellement être mis en oeuvre en 2018 dans la loi qui transposera la directive européenne sur les services de médias audiovisuels.
"Le gouvernement n'aime décidément pas quand les journalistes font leur travail d'investigation", démarre Luc Bronner sur le site du "Monde", rappelant qu'en juin, Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, avait déjà déposé plainte à la suite des révélations de "Libération" au sujet de la réforme du Code du travail. "Cette démarche est inquiétante, encore plus venant de la ministre de la Culture, chargée de la communication", concède le directeur de la rédaction.
Il poursuit : "Si son entourage assure que la plainte ne vise pas 'Le Monde', elle cible, de façon évidente, nos sources d'information en cherchant à les tarir par la menace de poursuites judiciaires". Le journaliste pointe ainsi du doigt cette "culture du secret" de Françoise Nyssen et ses proches, qui est "en opposition complète avec la défense de la liberté de la presse et de la protection des sources."