Hier soir à 19h dans "Les Dessous de l'écran" sur RTL, Philippe Robuchon et Benjamin Meffre recevaient Rodolphe Belmer. L'ancien patron de Canal+ évincé par Vincent Bolloré en 2015 venait présenter Séries Mania, le festival des séries qu'il préside et qui se tiendra à Lille à partir du 27 avril.
Rodolphe Belmer a commencé par dresser un panorama du paysage des séries dans le monde. Il a notamment souligné que les séries innovantes viennent désormais d'un nombre grandissant de pays, et ne sont plus l'apanage des Etats-Unis ou du Royaume-Uni. "On assiste à une montée en qualité dans l'écriture des séries et à une montée en puissance dans le côté spectaculaire et les budgets qui vont avec", a-t-il également précisé, évoquant notamment la diffusion en avant-première dans son festival de la série allemande "Babylon Berlin", une fiction allemande ayant coûté la bagatelle de 40 millions de dollars !
Et d'ajouter sur le succès des séries à travers le monde : "La série est en train de devenir un genre culturel majeur parce que la qualité d'écriture est devenue très bonne. La série accompagne aussi très bien les nouveaux modes de consommation sur le digital, ce qu'on appelle la SVOD, la vidéo à la demande. On peut regarder autant de temps qu'on en a envie. On peut partir pour 1h ou 5h d'évasion et ça, seule la série le permet. Ca rencontre à la fois une exigence artistique et un bénéfice technologique, ce qui fait que c'est forcément un des produits culturels majeurs d'aujourd'hui et de demain".
Alors que le festival Cannesséries vient de se dérouler il y a quelques jours, Rodolphe Belmer a estimé qu'il n'y avait pas trop de festivals du même genre en France. "Il n'y a pas de concurrence en matière de festivals ni trop de festivals", a-t-il tranché, citant les nombreux festivals autour du cinéma organisés dans l'Hexagone. "Le sujet est plutôt de savoir si on a une ligne éditoriale qui est légitime, intéressante, et de servir un projet éditorial. Nous, nous voulons être le grand festival destiné à la promotion des séries d'excellence, au service de la production française et européenne. Le monde de la culture n'est pas un gâteau qu'on se partage. Il n'y a jamais assez de culture", a-t-il ajouté.
Alors qu'était évoquée la venue dans Séries Mania de Reed Hastings, le patron de Netflix, Rodolphe Belmer a analysé le bouleversement du marché induit par l'arrivée de ces nouveaux diffuseurs internationaux. "On est à la croisée des chemins dans l'audiovisuel en Europe. Jusqu'à présent, on avait une structure constituée autour de chaînes de télé nationales. Avec l'arrivée de l'internet et la consommation de programmes sur internet, on peut s'abstraire des frontières et on voit l'émergence d'acteurs internationaux. Il est important de repenser nos systèmes de financement, de distribution, de régulation et de protection du jeune public à l'aune de cette nouvelle donne. On espère que Lille va être le moment où on va pouvoir créer ces rencontres et ces discussions", a-t-il souhaité.
Rodolphe Belmer a aussi été interrogé sur le passage de relais décidé par Vincent Bolloré à Canal+ comme à Vivendi. "J'ai pris pour habitude de ne pas commenter l'actualité ou le résultat du groupe Canal+. C'est un groupe que j'ai vraiment aimé. Ca a été une passion pendant 15 ans. J'y garde beaucoup d'amis et je n'ai pas envie de les gêner en commentant en bien ou en mal", a-t-il simplement précisé. "J'ai personnellement beaucoup d'amitié pour Yannick Bolloré que je connais depuis très longtemps. Je lui souhaite franchement le meilleur", a-t-il ajouté à propos de l'arrivée du fils de Vincent Bolloré à la tête de Vivendi. Et de conclure : "J'ai tourné la page Canal+", précisant qu'il n'était "pas dans (s)es plans" de diriger à nouveau une chaîne de télévision.
L'émission s'est ensuite poursuivie avec une interview d'Olivier Ravanello, venu présenter la nouvelle version d'"Explicite", devenue payante.
Ecoutez l'intégralité des "Dessous de l'écran" du dimanche 22 avril 2018.