L'émission pointée du doigt. Dans un courrier adressé à M6 mardi, que l'AFP s'est procuré, la collectivité de Saint-Martin, via son président Daniel Gibbs, dénonce un reportage "à charge" diffusé début septembre dans "Enquête exclusive" sur M6. Le programme incarné par Bernard de La Villardière évoquait les pillages, l'immigration, la pauvreté et également l'insécurité sur l'île française.
Le responsable politique regrette "le traitement de l'information partial et en de nombreux points erronés de l'émission", estimant que le reportage, baptisé "Saint-Martin, un paradis aux deux visages", était "construit sur des clichés et des contre-vérités flagrantes" portant "atteinte à l'intégrité de l'île" et "l'honneur des Saint-Martinois". Selon Daniel Gibbs, ces images "nuisent très fortement à l'image de (son) territoire dont l'économie est basée à 90% sur le tourisme".
"Si j'ai bien compris la recette et le fonds de commerce de cette émission à sensation élaborée pour des impératifs d'audimat sur la triptyque habituelle (sexe, drogue, insécurité), je ne peux accepter de la part d'une chaîne nationale de l'envergure de M6 qu'elle puisse laisser véhiculer (...) de fausses informations sur un territoire d'Outre-mer français", poursuit le président de la collectivité de Saint-Martin, qui indique avoir répondu à Bernard de La Villardière lors du tournage de l'émission pour "lui expliquer la réalité du territoire et ses difficultés".
Daniel Gibbs se désole de ce type de reportage qui, selon lui, ternit l'image de la presse : "C'est précisément à cause de ce type de documentaire dévalorisant et tronqué (...) que nous perdons confiance dans l'objectivité et la capacité de la presse à produire un travail pertinent et juste". Ainsi, il suggère à la chaîne d'envoyer de nouveau des journalistes pour "tourner un format de même durée sur la résilience de Saint-Martin", afin de "contrebalancer ce reportage à charge sans intérêts aucun, sinon celui de nuire".
De son côté, la production de ce numéro d'"Enquête exclusive" a répondu point par point aux critiques adressées, via une lettre que puremedias.com a pu consulter. "Il est utile de préciser qu'il était nécessaire et juste à nos yeux de consacrer l'intégralité d'une émission à Saint-Martin, après les événements climatiques qui ont touché l'île il y a maintenant plus d'un an", a débuté la production, ajoutant : "Là, où certains grands médias n'y ont consacré qu'un court format, ou s'y sont intéressés que très ponctuellement après le passage du cyclone, nous avons fait le choix d'y dédier une émission entière et de diffuser son contenu un an plus tard."
La production a expliqué que plusieurs sessions de tournages ont eu lieu, avec un écart parfois de six mois. "Nous concevons que les images et propos filmés notamment lors de la première session de tournage aient pu avoir (...) un impact fort et par conséquent, toucher beaucoup de Saint-Martinois", a-t-elle poursuivi, soulignant que ces images "révèlent une réalité qui peut paraître crue mais qui est bien le reflet d'une île qui a subi à l'époque une double peine, celle d'une destruction naturelle sans précédent et d'actes de pillages qui ont été vécus comme un 'deuxième Irma'". Après être revenu en détails, chiffres à l'appui, sur ces faits, "Enquête exclusive" a conclu : "A aucun moment il n'y a eu volonté de ternir l'image de Saint-Martin, mais de s'intéresser à cette île, le contexte n'étant pas malheureusement le plus joyeux quand on évoque un ouragan d'une telle puissance et ses conséquences."