En septembre 2020, "Libération" entamait un nouveau chapitre de sa frénétique existence. Dov Alfon, élu à 90 % par les salariés, succédait à Laurent Joffrin pour prendre les rênes du quotidien, promettant de réorganiser le journal en profondeur. Plus de quatre ans après son intronisation, le directeur de la rédaction et de la publication est confronté à des critiques internes concernant sa manière de gouverner. A l'initiative des représentants du personnel de l'entreprise, les salariés du média étaient conviés à participer, le mercredi 4 décembre, à une assemblée générale pour donner leur ressenti sur le management global. D'après les informations du "Monde", confirmées par une enquête du site "Arrêt sur images", il en serait ressorti des réserves sur les méthodes de l'ancien journaliste d'"Haaretz". Plusieurs journalistes auraient en effet fait état d’un "sentiment de malaise" vis-à-vis de ce qu’ils vivent comme un management "vertical" de la direction.
Comme le rapportent nos confrères, certains salariés auraient pointé des courriels ressentis comme "des remises en cause récurrentes souvent brutales et par écrit" de la part de la direction, vécus comme du "micromanagement", voire du "harcèlement moral". Ces critiques visant également également "un interventionnisme éditorial au-delà du nécessaire" ont été couchées dans une lettre remise aux cinq membres de la direction. A l'origine de ces reproches figurent notamment la publication de certains articles contre l'avis de la rédaction ou encore la modification de la fiche Wikipedia de Jean-Philippe Desbordes, ancien pigiste très ponctuel de la maison, récemment condamné pour viols. Aucune prise de parole publique n'est pour le moment prévue par les représentants du CSE comme de la SJPL, qui souhaitent "poursuivre les discussions en interne".
Face à ces objections, Dov Alfon, a souhaité s'expliquer devant ses équipes et a pris bonne note des remarques le visant lui et ses méthodes de management. S'il a récusé le terme de "harcèlement", il aurait également promis des mesures concrètes concernant le renforcement de la direction au premier semestre 2025, mais aussi de lâcher du lest sur les courriels adressés aux rédacteurs. Il aurait également reconnu son rôle dans la modification de la fiche Wikipédia. Des précautions suffisantes pour calmer les tensions dans les couloirs de "Libération" ?