Les critiques dithyrambiques sur les films iraniens Ours d’Or à Berlin, on en a un peu téléramarre. On sent le coup foireux arriver. On va s’ennuyer. On n’a pas trop envie d’y aller. On fait tout pour retarder… On tente un « Mais qui va garder le bébé quand on sera au ciné ? ». Pas de bol, tout le monde sait que vous n’avez pas d’enfant. Donc vous cédez. Et, à la fin du film, vous pleurez. Parce que vous avez assisté à un spectacle politique et poétique, déboussolé par cette charge éthique, ethnique, et esthétique.
Le film est d’abord une séparation d’avec Hollywood, ce qui le rend, il faut bien l’avouer, assez difficile d’accès. Aucune femme quadragénaire n’est liposucée, aucun front n’est botoxé et personne ne réalise à la dernière seconde : « Mais oui, bien sûr, je l’ai toujours aimée ! » en courant vers l’aéroport comme un dératé. Dans cette mauvaise blague qu’était La Rupture, Vince Vaughn et Jennifer Aniston avaient transformé la vie en sitcom et nous avions regardé, gentiment consternés.
Mais se séparer, ce n’est pas simplement se chamailler. C’est redéfinir les limites de soi dans un moment d’introspection douloureuse. « Que ferais-je et qui serais-je sans l’autre ? », voilà une question que Jennifer Aniston ne s’était pas vraiment posée, trop occupée à rentrer son ventre et grimacer. Il faut dire qu’un film Universal est rarement universel, contrairement à Une Séparation, qui fait preuve d’une finesse rare.
Pourquoi le film d'Asghar Farhadi est-il si réussi ? Parce que de très nombreux plans pourraient faire la une du National Geographic. Parce que la tension est presque toujours à son comble dans ce monde asphyxié par l’obsession du péché. Parce que l’image est poussiéreuse comme l’air d’Iran. Parce qu’on y voit partout des portes vitrées, symboles de séparation et de perception limitée, voire troublée. Parce que le tchador y est poétisé, présenté comme une seconde peau dont il est impossible de muer.
Parce que la petite Kimia Hosseini, qui interprète Somayeh et qui ressemble terriblement à Dora l’Exploratrice, nous enchante de sa naïveté dans cet univers trop codifié. Parce que le film ose se clôturer sur un non-dit alors qu’il reste tant de choses à dévoiler. Parce qu’il est à mi-chemin entre le documentaire et le tableau de maître, tant Asghar Farhadi filme les visages de ses acteurs parfaits comme on peint des portraits. Parce que, in fine, Une Séparation est une subtile mise en scène de cette phrase de Camus : « Vivre est une torture puisque vivre sépare ».
Cinéma
Une séparation : J’tchador ce film !
Publié le 16 juin 2011 à 13:10
Eprouvante, édifiante : si "Une séparation", l’œuvre iranienne d'Asghar Farhadi, est si époustouflante, c’est parce qu’elle est anti-hollywoodienne et dévoile l’intimité de femmes voilées avec une humanité si désarmante que le choc culturel est total.
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