Un triple pari. A la rentrée, M6 relance "Nouvelle Star", le télé-crochet qu'elle a diffusé pour la première fois en 2003 et qu'elle a proposé à l'antenne pendant huit saisons, avant que C8 ne lui donne une deuxième vie. La chaîne prend le risque de ressusciter une marque qui n'a pas eu le temps de manquer au public, mais parie aussi sur un jury dont l'expertise surpasse la notoriété et sur une animatrice débutante. En effet, c'est Shy'm qui succède à Laurie Cholewa à la tête du télé-crochet produit par FremantleMedia France, un rôle qu'elle évoque pour puremedias.com.
Propos recueillis par Charles Decant.
Qu'est-ce qui vous a conduite au poste d'animatrice de "Nouvelle Star" ?
La proposition de M6 m'a intriguée, m'a aussi beaucoup flattée. Et à un moment donné, je me suis tout simplement dit "Et pourquoi pas ?". Je suis connue aussi pour me lancer parfois dans de folles aventures, que ce soit artistique ou capillaire ou autre, et ça en faisait partie. "Nouvelle Star", c'est aussi une émission que je regardais quand j'étais plus jeune, il y avait un affect un peu particulier que je n'avais pas forcément avec les autres.
Avant les primes en direct, vous apparaissez dès les auditions, comme à l'époque de "Nouvelle Star" sur M6.
Oui, il y a cette partie en amont avec les candidats, ce rôle de "nounou" que j'ai un peu, un accompagnement de jeunes qui sont pour la plupart non-professionnels, qui sont des passionnés. On sent une fébrilité, beaucoup d'angoisse. Je peux leur apporter des conseils, les accompagner, parce que je connais ça, même si je n'ai jamais eu le courage de passer des auditions quand j'étais plus jeune.
"Quand j'ai senti qu'il y avait une opportunité dans le jury, je leur ai dit que ça ne m'intéressait pas"
On ne vous a pas proposé d'être jurée ?
En fait, ils m'ont approchée en tant qu'animatrice, et quand j'ai senti qu'il y avait une opportunité derrière le bureau, je leur ai dit que ça ne m'intéressait pas. Peut-être parce que c'est une expérience que j'ai déjà vécue et bien vécue. Mais me retrouver à juger des jeunes passionnés sur de la musique, des jeunes pleins de rêves et d'espoir, je ne pense pas que j'aurais été à l'aise. Etre dans l'empathie, l'accompagnement et pas le jugement, ne pas avoir à décider du destin des gens, ça me plaisait beaucoup plus.
Les auditions ont commencé il y a peu. Le rôle de "nounou" dont vous parlez correspond-il à l'idée que vous vous en étiez faite ?
Ca a fait du bien de commencer à tourner, parce qu'il y avait beaucoup d'appréhension, beaucoup de questions. Et je commence par quelque chose de très naturel et spontané. C'est vraiment moi, Tamara, qui vais à la rencontre des gens. Ce n'est pas Shy'm en représentation sur des talons de 20 centimètres, à devoir faire attention à ce que je dis ou je fais. Du coup, c'est mieux que ce que j'imaginais. Même si parfois ils voient Shy'm arriver, ils réalisent vite que je suis juste une humaine avec qui ils ont une passion commune. Ils sont assez vite rassurés, ils se sentent bien, et la curiosité arrive naturellement.
Ce n'est pas trop difficile à gérer, les émotions de ces jeunes ? On passe de l'angoisse à la joie extrême en cas de qualification, ou à la déception extrême s'ils ne sont pas sélectionnés...
C'est le plus difficile. Avant, c'est tout beau, ils sont dans l'excitation, dans l'attente même s'il y a du stress. Après, quand c'est un "oui", il y a une joie extraordinaire, ça donne des frissons, c'est indescriptible. C'est beau ! Ca me rappelle mes débuts ! Mais pour ceux qui ne sont pas pris, c'est compliqué. Même s'ils ont des métiers plus traditionnels à côté, il y a toujours ce rêve et cette envie de pouvoir vivre de leur passion. C'est très triste.
"Je suis complètement stressée de devoir être le fil conducteur, le chef d'orchestre de l'émission"
Après les auditions, il y aura le passage aux primes en direct et un autre rôle pour vous...
Je suis très consciente que ce sont deux rôles différents. Pour l'instant, j'essaie de ne pas trop y penser pour ne pas me mettre trop de pression. Je vais beaucoup bosser avant, forcément, parce que c'est un exercice que je ne connais pas. Le travail du prompteur, déjà, c'est très technique, ça demande beaucoup de dextérité et de naturel. En tant qu'artiste, j'ai eu l'occasion d'admirer le travail de certains animateurs, de voir ce que ça représentait, en étant loin d'imaginer qu'un jour je serais à leur place. Mais je ne prends évidemment pas ce rôle à la légère, je vais bosser un max.
Vous appréhendez un peu ? C'est vous qui porterez en bonne partie toute l'émission...
Merci de me le rappeler ! (Rires) Je suis complètement stressée de devoir être le fil conducteur, le chef d'orchestre de l'émission, de devoir gérer le temps de parole des jurés... Eux seront dans le naturel, l'envie de s'exprimer, mais nous on a une émission à tenir. A l'instant T, ça sera à moi de l'imposer. En plus, l'oreillette ne rentre pas dans mon oreille, j'ai une oreille trop petite, donc il va falloir trouver un moyen de communiquer avec la production ! Mais je compte sur l'entraînement avant. Je sais qu'on ne me laissera pas faire des choses médiocres. Mais je ne veux pas juste que ça soit bien. Je vois que ça soit très, très bien pour pouvoir convaincre un maximum de personnes et montrer que j'ai ma place, comme je l'ai fait dans "Danse avec les stars".
"Je sais que je suis attendue au tournant"
On peut imaginer qu'à ce moment-là, on verra davantage Shy'm que Tamara ?
Evidemment. Il y aura les talons, les tenues un peu plus excentriques, oui. Et c'est ce qui me plaît, c'est que Shy'm me donne de la force, la force de faire des choses que je ne ferais pas dans la vie de tous les jours. En l'occurrence, animer une émission demande beaucoup de courage quand ce n'est pas son métier, quand on ne l'a jamais fait. Et je sais que je suis attendue au tournant. En tant que je chanteuse, je suscite déjà des réactions divergentes. Mais j'ai le culot de me lancer dans cette expérience, on ne m'a pas forcée, et je vais le faire bien. Je vais prouver qu'on peut faire plusieurs choses bien.
Vous craignez les critiques, notamment sur les réseaux sociaux ?
Il y aura des critiques négatives comme à chaque sortie d'album, à chaque sortie de clip. Je m'y prépare, j'y suis habituée. Ce n'est pas ça qui m'inquiète le plus. Je veux être satisfaite de ma prestation et satisfaire la production. Je sais que je suis très bien entourée, Renaud Le Van Kim par exemple est très exigeant, et je sais qu'il ne me laissera pas m'aventurer dans quelque chose si c'est nul. C'est un garde-fou essentiel.