En 2009, il avait quitté l'émission avec pertes et fracas, regrettant notamment la victoire de Soan. Pour le retour de "Nouvelle Star" sur D8, Sinclair a accepté de reprendre son rôle de juré. A l'occasion de la présentation du programme à la presse, puremedias.com a pu rencontrer le chanteur qui revient sur son départ de la version de M6, le retour sur D8 et l'échec de son dernier album.
Propos recueillis par Kevin Boucher
Pour ce retour, vous vous êtes dit "On y va pour une troisième saison" ou "On repart de zéro" ?
On ne repart jamais de zéro parce qu'on connaît l'exercice. C'est une nouvelle saison, une nouvelle équipe, une nouvelle façon d'aborder le format. Même si c'est un format qui a été figé, il y a plein de choses qui ont été modifiées et qui sont super. On va davantage dans la musique. C'est la promesse qui m'a séduit et c'est celle que je veux défendre. La musique a évolué et l'émission doit évoluer avec la musique, ce qui n'est pas forcément le cas de toutes les émissions.
Lors de votre départ, vous n'aviez pas été tendre avec le programme.
J'ai été interviewé par un journal qui aime bien faire en sorte que celui qui parle ait des positions très tranchées.
Vous aviez dit, à propos de la saison de Soan, que "le niveau artistique était à pleurer".
C'est vrai. La seule chose très positive de cette saison-là, c'est qu'on a découvert Camélia Jordana. Pour moi, le programme aurait pu s'arrêter une fois qu'on a découvert Camélia Jordana. Pour moi, c'est elle la "Nouvelle Star". D'ailleurs, on ne se rappelle que d'elle.
Soan a sorti deux albums. Vous les avez écoutés ?
J'ai péniblement écouté quelques trucs. Franchement, c'est pas mal dans l'absolu mais j'en ai rien à foutre. Ce n'est pas ma came. Lui est sympa, c'est très bien, mais je m'en tape, sincèrement. Mais il n'y a pas que lui. Tous les autres qui ont sorti la plupart des albums, ce n'est pas terrible. Ce n'est pas parce qu'on gagne qu'on est forcément bon. Je pense que Soan est un artiste. C'est un artiste qui fait chier mais c'est un artiste. Il n'a pas sa place à "Nouvelle Star". Le contrat n'est pas rempli.
Vous avez suivi la saison qui a suivi votre départ ?
Non, j'ai failli à cette mission-là. Mais je pense qu'il n'en est pas sorti grand-chose non plus de fou.
Luce avait impressionné jury et public mais n'a pas réussi à vendre des disques.
Il ne faut pas se tromper : il y a des talents et il y a des moments. Il y a des moments où ce qui se passe est dément parce qu'on est dans une alchimie et qu'il y a des gens qu'on n'a pas vus venir et qui, d'un coup, se révèlent brillants. C'est une émission qui est formidable parce qu'on découvre des talents. Mais il y a peu de candidats qui ont un véritable charisme et ce n'est pas dit qu'il y en ait à chaque saison.
Vous avez regardé "The Voice" ?
Oui. Je trouve ça très sympa. Mais on est moins sur la première étape des castings de "Nouvelle Star" qui est très impressionnante. C'est artisanal. Les candidats arrivent sans rien, seuls, ils chantent. Et ça, ce sont les moments forts de "Nouvelle Star". Après cette étape, quand il y a les prime en direct, les deux émissions se valent. Ce sont les mêmes chansons et les mêmes orchestres par exemple.
Toujours lors de votre départ, vous aviez affirmé que "le concept commençait à s'user". D8 aurait-elle réussi à relancer le format ?
J'étais en train de m'user surtout. J'étais prêt à dire n'importe quoi parce que j'étais énervé. Le concept est resté. Je pense que c'était la manière de l'envisager qui avait pris un petit coup de vieux à l'époque et qui manquait de pertinence. J'étais aussi conscient qu'il fallait peut-être faire une pause, que toutes les bonnes recettes ont peut-être besoin à un moment d'être revisitées et que là, la manière dont ça a été remis en production est super.
Vous vous êtes amusé ?
Je me suis éclaté. Ca m'amuse beaucoup. C'est très amusant parce que c'est sérieux. Et j'aime bien déconner quand je suis sérieux, sinon ça ne m'amuse pas du tout. Je ne déconne que quand c'est sérieux. C'est une façon aussi de balancer de l'énergie, d'écouter différemment...
Quelqu'un comme Cindy Sander qui vient en étant persuadé d'être LE grand talent, il y en a eu cette année ?
Non. Il n'y a plus ça. Et en fait, c'est cruel et injuste mais le niveau monte tellement que ça ne passe plus. Le niveau monte tellement par des gamins de 16-17 ans... A cet âge-là, on n'a pas envie d'être Cindy Sander. On a envie d'être Adele. On a envie d'être quelqu'un qui est là, qui a le niveau.
Vous mettez un rouge ou un bleu à Cyril Hanouna ?
Je lui mets un double bleu. J'adore Cyril Hanouna. C'est un bosseur derrière ses gros sabots de comique. J'aime bien. C'est un mec sensible. Je pense qu'on va bien se marrer. S'il fait trop le show, on lui balancera des trucs, on aura un sac avec des cailloux (Rires). Nous, c'est fini, notre job, il est fait. On va boire du champagne avant, ça va être sympa. A part bien dire ce qu'on pense, c'est lui qui va faire le show.
Et vous, musicalement, vous avez sorti un album en 2011 qui a peiné à rencontrer son public...
On peut dire qu'il ne s'est pas vendu, oui. Moi, je suis habitué à ne pas vendre de disques. Je suis juste déçu d'avoir fait un mauvais choix de direction. J'ai toujours été indépendant et je me suis dit "J'ai un album beaucoup plus pop que ceux que j'avais fait avant, je voudrais bosser avec une maison de disques parce que j'ai besoin de soutien" et j'arrive au pire moment dans l'industrie du disque. Pourtant, j'avais des partenaires, des gens qui se sont engagés, avec qui je m'entends très bien mais plus jamais je ne travaillerai comme ça.
Vous avez encore une maison de disques ?
Non, mais ça ne sert à rien. Franchement, si demain je fais un album, je pense que je le donnerai. Je perdrai moins d'argent qu'à essayer de le vendre.
Vous travaillez sur ce prochain disque ?
Je travaille toujours, j'écris des chansons. Je fais beaucoup de choses un peu annexes en ce moment. Je m'ouvre surtout sur le travail avec d'autres artistes parce que ça, c'est incroyable. Toujours des musiques de films. Je prépare aussi un projet annexe assez marrant. Je pense que je vais revenir avec un disque qui va faire très mal bientôt, mais sans aucun compromis parce que j'en ai rien à cirer. Je sais que je ne gagne plus d'argent avec les disques dont autant faire de la musique complètement barrée, assez folle. Et puis je n'arrive pas à ne pas être moi-même.
Et la scène ?
Ca revient. J'en ai beaucoup fait toute ma vie de la scène et j'ai vraiment eu besoin d'arrêter ça. J'ai eu besoin d'arrêter le jour où je me suis demandé ce que je faisais là. Je n'ai pas retrouvé l'énergie jusqu'à présent mais je crois que ça monte là. Ca monte, je maigris petit à petit. Vous allez voir, de casting en casting, je m'affine, je m'affine... Le lion n'est pas mort. Et puis c'est la période. Je pense que c'est le bon moment où il faut faire des choses communautaires. La musique, c'est comme ça que je la vois. J'en ai un peu marre de faire de la musique tout seul dans mon studio.