Interview
Sissy Spacek dans "Bloodline", nouvelle série Netflix : "J'avais très peur !"
Publié le 20 mars 2015 à 12:29
Par Charles Decant
L'actrice oscarisée est l'une des stars de "Bloodline", la nouvelle série Netflix dont les 13 épisodes ont été mis en ligne aujourd'hui. Entretien.
Sissy Spacek est l'une des stars de "Bloodline" Sissy Spacek est l'une des stars de "Bloodline"© Riker Brothers
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Après les succès de "Orange Is the New Black" et "House of Cards", Netflix continue sa politique de création de contenus originaux ambitieux et lance ce vendredi "Bloodline", thriller familial imaginé par les créateurs de "Damages". Tous les épisodes de la série sont disponibles depuis ce matin sur la plate-forme, partout dans le monde.

Devant la caméra, le service de vidéo à la demande a réuni Kyle Chandler ("Friday Night Lights"), Linda Cardellini ("Urgences") mais aussi Sissy Spacek, nommée six fois aux Oscars et sacrée en 1980 pour son rôle dans "Nashville Lady". Vue en 2011 dans le succès "La Couleur des sentiments", l'actrice a accordé un entretien à puremedias.com pour évoquer ce nouveau pari, la specificité du travail pour une série Netflix et ce qui l'a conduite à se lancer dans cette aventure.

Propos recueillis par Charles Decant.

Qu'est-ce qui vous a séduite dans "Bloodline" ?
D'abord, c'était Todd A. Kessler, Daniel Zelman et Glenn Kessler, les créateurs. Ce sont vraiment des artistes formidables. Glenn me l'a proposé, j'étais fan de "Damages" et j'étais intriguée par cette nouvelle façon de faire de la télé, par le streaming et la possibilité de regarder ce qu'on veut, quand on veut. Et j'avais vu des choses que j'avais beaucoup aimées. Donc quand cette opportunité s'est présentée, je me suis dit qu'il fallait la saisir parce qu'elle ne se représenterait peut-être pas. Et je n'ai aucun regret !

L'équipe qui est à l'origine de la série est alléchante, mais celle qu'on découvre devant la caméra l'est aussi... !
Le fait qu'ils soient si fantastiques a fait qu'ils ont pu rassembler une équipe aussi spectaculaire pour camper leurs personnages. J'ai beaucoup de respect pour eux. Le cinéma, c'est le média du réalisateur. Mais ce nouveau type d'oeuvres, ça appartient aux créateurs. On a eu des réalisateurs fabuleux sur "Bloodline", mais c'est quelque chose de complètement différent. Ici, c'est comme suivre des petits morceaux de pain laissés sur un chemin... On ne sait pas ce qui va se passer !

Vous parlez de vous en tant qu'actrice ou du téléspectateur ?
Des deux ! On sait des choses basiques, mais ça évolue avec le temps. C'est l'une des choses que j'admire le plus chez les créateurs. Ils ne vont pas à la facilité. Ils regardent chaque jour les images qu'on tourne et soudain ils voient quelque chose qui leur donne de nouvelles idées et qui les fait changer de direction. Donc on ne sait jamais vraiment où vont les choses... C'est un animal vivant !

"Je ne sais toujours pas qui est mon personnage"

Quand ils vous ont pitché la série, ils avaient les 13 épisodes écrits mais ils ont évolué par la suite, c'est ça ?
Oui, c'est ça. J'ai lu un seul script puis ils m'ont pitché la série pour la première saison, puis ce qu'ils envisageaient pour les années suivantes, tout en sachant que ces projets pourraient changer. J'étais habituée à ce que tout soit planifié, qu'on sache qui était un personnage, il y avait un début et une fin et il y a quelque chose de très beau là-dedans. Mais ici, c'est intrigant et un peu effrayant de se demander qui elle est. Et je ne le sais toujours pas. Quand on tourne, on pense savoir qui on joue, mais on est tellement perdu dans le moment présent. Quand on finit une scène, on se demande parfois où on est et ce qu'on fait. Quand le réalisateur dit "Faites la même chose, une deuxième fois", je réponds parfois "Quoi ? J'ai fait quoi exactement ?" (Rires)

C'est spécifique à ce projet ou il vous arrive souvent de voir sur l'écran un personnage un peu différent de celui que vous pensiez avoir joué ?
Je pense que c'est le cas jusqu'à un certain point dans beaucoup de projets. Il y a tellement de travail effectué dans la salle de montage que généralement, quand on travaille avec des gens talentueux, le personnage prend plus de relief grâce aux choix de montage, à la musique... C'est quelque chose de très collaboratif. C'est comme quand, parfois, on approche sa main de la poignée d'une porte et il y a un petit arc électrique. Cet espace, ce petit arc qu'on n'attend pas se crée grâce à la collaboration, grâce aux décors, grâce à la photographie. Il y a la possibilité que ça devienne plus que ce qu'on a créé.

Découvrez la bande-annonce de "Bloodline" :

© Youtube

"J'avais très peur"

Vous aviez un peu peur de vous lancer dans une production Netflix ?
J'avais très peur, oui ! Quand je travaille sur un film, je sais à quoi m'attendre. Mais ici, j'ai dû m'engager pour une longue période...

Combien de temps ?
Neuf mois ! Avec quelques pauses au long des neuf mois. Mais le fait de ne pas savoir où allait l'intrigue... On termine un épisode d'une heure, on est très content, on se dit qu'on a bien travaillé, et le lendemain... Ca recommence ! La quantité de travail, tout ça m'a fait peur, et m'a beaucoup enthousiasmée à la fois.

On parle énormément du succès d'"Empire" aux Etats-Unis, et si on en parle autant, c'est parce qu'on dispose des chiffres. On ne disposera jamais des chiffres de "Bloodline", et a priori même les acteurs de séries Netflix ne savent pas combien de gens les regardent... Ca vous embête ?
Je n'ai jamais choisi de projet en me disant "Je vais essayer de faire quelque chose que tout le monde voudra regarder". J'essaie juste de découvrir qui est le personnage et de faire le mieux que je peux. J'essaie de ne pas penser à ce qui se passe après, parce que je n'ai plus aucun contrôle là-dessus à ce moment-là. Tout ce que je peux faire, c'est travailler le plus dur possible. Comme ça, si ça ne marche pas, ce ne sera pas parce que je n'ai pas assez donné de moi. Quand j'ai commencé ma carrière, un de mes cousins, qui est aussi acteur, m'a dit qu'il fallait que je sois sûre de faire ce métier pour les bonnes raisons. Il m'a dit "Si tu veux faire ce métier pour être une star et pour que tout le monde t'aime, tu vas souffrir. Mais si tu le fais pour le travail lui-même et parce que tu adores ça et que tu DOIS le faire, et que tu n'attends rien d'autre que le travail lui-même, tu seras heureuse". Une fois que le travail est fait, que ça ait du succès ou non... ça n'a jamais importé. Le film "La Balade sauvage", au début, persone ne l'a vu. Mais je savais qu'à mes yeux, c'était un film à succès, je savais qu'il était important.

"Je suis une petite nouvelle et j'adore ça !"

Beaucoup d'acteurs de télé expliquent qu'ils adorent avoir la possibilité de développer le même personnages sur plusieurs épisodes ou plusieurs saisons. Quand on retourne au cinéma, ou quand on regarde les films qu'on a faits, est-ce qu'on n'est pas frustré, du coup ?
Ce que j'adore dans le cinéma, et ce que j'apprécie, c'est qu'il y a un début et une fin. Entre les deux, on fait tout ce qu'on peut. La beauté du streaming, c'est qu'on ne sait pas où on va. On suit des petits bouts de pain, comme je le disais. Il y a un côté immédiat que j'adore, mais ce n'est pas du tout naturel pour moi, en tant qu'actrice. Je voudrais savoir où elle va pour la comprendre, mais ça ne marche pas comme ça. Du coup, j'apprends ! Je suis une petite nouvelle ! Et j'adore ça ! J'espère qu'on aura une saison 2, je touche du bois, parce que maintenant que j'ai un peu compris comment ça fonctionnait, je pourrai l'appréhender avec moins d'anxiété. Je sais à quoi m'attendre désormais. J'ai hâte !

Vous n'avez regardé que les deux premiers épisodes, mais quand vous voudrez regarder toute la saison, comment allez-vous la consommer ? Un épisode par semaine ? Tous à la suite ?
J'ai prévu d'en regarder deux à la fois. Ca fera comme un film, je regarderai sur grand écran. Parce que c'est très cinématique ! Il y a un travail dingue sur la photographie, on a eu des réalisateurs fantastiques. Mais il se passe tellement de choses que si je regarde plus de deux épisodes, ma tête explosera ! (Rires) Je crois juste que je ne pourrai pas attendre une semaine, donc je regarderai sans doute deux épisodes tous les soirs.

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