Vincent Bolloré passe à la contre-offensive médiatique... mais pas via l'un des médias qu'il possède. Mis en examen ce mercredi pour "corruption d'agent public étranger", "complicité d'abus de confiance" et "faux et usage de faux" dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de corruption dans l'obtention de concessions portuaires en Afrique, l'homme d'affaires d'origine bretonne se fend aujourd'hui d'une tribune dans "Le Journal du dimanche", possession d'Arnaud Lagardère, autre tycoon des médias français.
Dans sa tribune, Vincent Bolloré se défend de toute tentative de corruption, via notamment l'utilisation des services d'Havas, filiale de communication du groupe Vivendi. "Comment imaginer que des dépenses de communication de quelques centaines de milliers d'euros comptabilisées en toute transparence avec un groupe de communication de taille et de réputation mondiale, aient déterminé des investissements de centaines de millions d'euros pour des opérations portuaires (ayant fait l'objet) d'appels d'offres internationaux ?" écrit le milliardaire qui rappelle que ces opérations ont été réalisés "dans un cas, deux ans, dans l'autre, neuf ans avant les élections de personnalités présumées corrompues".
Une défense parfaitement alignée sur celle du groupe Bolloré, qui a communiqué dès la fin de la mise en examen de son patron. L'homme d'affaires, qui rappelle avoir investi "près de quatre millions d'euros en Afrique" et s'enorgueillit d'avoir contribuer à créer "énormément d'emplois" sur le continent, déclare s'interroger "sérieusement" sur la poursuite de ses investissements en Afrique. "Pour créer de la valeur, (les équipes doivent) être dirigées vers des eaux les moins hostiles possible" écrit-il, se disant victime d'une vision biaisée du "continent d'avenir" qu'est l'Afrique et d'un "traitement inexact et condescendant des Africains".
"En raison de campagnes véhiculant des informations fausses ou malveillantes", l'Afrique est, selon lui, considérée comme "une terre de non-gouvernance, voire de corruption, [avec] des chefs d'Etat décidant seuls d'accorder des contrats mirobolants à des financiers peu scrupuleux". Dans une position volontairement victimaire, Vincent Bolloré se dit donc victime de préjugés à l'égard du continent africain mais aussi d'une "chasse aux sorcières", citant notamment le reportage de Tristan Waleckx sur les activités de la Socapalm, filiale du groupe Bolloré en Afrique, diffusé sur France 2. "Quand je vois la chasse aux sorcières organisée contre nos agissements dans des plantations qui ne nous ont jamais appartenu et où nous n'avons aucun employé..." se lamente ainsi le milliardaire qui, pour rappel, poursuit Tristan Walecks en correctionnelle pour "diffamation".
Pour rappel, si Vincent Bolloré fait souvent la Une pour la gestion de ses actifs dans les médias en France, les activités de son groupe en Afrique sont plus méconnues. Elles sont pourtant incontournables pour le groupe Bolloré, qui a bâti un véritable empire sur le continent, où il emploie 25.000 personnes, en s'implantant dans plus d'une quarantaine de pays et en cultivant des relations de proximité avec de nombreux responsables politiques. En Afrique, le groupe est notamment présent dans les services portuaires, les plantations de palmiers à huile, le transport ferroviaire, le divertissement, via Vivendi, et les médias, via Canal+ qui compte 3,5 millions d'abonnés sur le continent.