La tribune de soutien à Gérard Depardieu, publiée le soir de Noël dans "Le Figaro", continue de diviser le monde de la culture. Une contre-tribune avec 600 signataires a été relayée ce vendredi 29 décembre par "Le Parisien". Elle sème aussi le trouble parmi la cinquantaine de signataires du texte en raison de l'idéologie de l'auteur, révélée par "Le Monde". Dépeint comme un relai des sphères identitaires et réactionnaires, Yannis Ezziadi est éditorialiste au magazine conservateur "Causeur", fondé par Élisabeth Lévy. Ce "comédien peu connu, est un proche de Sarah Knafo, la conseillère et compagne d'Éric Zemmour", écrivait le quotidien du soir le 28 décembre.
Après la publication de cette enquête, plusieurs signataires ont fait part de leur malaise. Parmi eux, Nadine Trintignant a pris la décision la plus radicale. Ce vendredi 29 décembre 2023, la réalisatrice de 89 ans a annoncé au "Point" qu'elle retirait son soutien à ce texte. "J'ignorais en signant cette tribune par qui elle était écrite", explique-t-elle à l'hebdomadaire.
"Je demande aux personnes que j'ai choquées de ne pas m'en vouloir de ma grave erreur". Nadine Trintignant a signé la tribune écrite par Yannis Ezziadi parce qu'elle sera "toujours contre les lynchages médiatiques quels qu'ils soient", justifie-t-elle.
"Gérard Depardieu est probablement le plus grand des acteurs. Le dernier monstre sacré du cinéma", soutiennent les signataires de la tribune du "Figaro". "Nous ne pouvons plus rester muets face au lynchage qui s'abat sur lui, face au torrent de haine qui se déverse sur sa personne, sans nuance, dans l'amalgame le plus complet et au mépris d'une présomption d'innocence dont il aurait bénéficié, comme tout un chacun, s'il n'était pas le géant du cinéma qu'il est". "Lorsqu'on s'en prend ainsi à Gérard Depardieu, c'est l'art que l'on attaque. [...] N'effacez pas Gérard Depardieu", concluent-ils.
Carole Bouquet, elle, a choisi Instagram pour faire part de son malaise. L'actrice et ancienne compagne de Gérard Depardieu s'est déclarée, ce vendredi, "profondément mal à l'aise" d'avoir donné "de la visibilité par l'entremise de Gérard" à un journaliste dont elle ne "ne soutient pas les idées".
Dans la même veine, Dominique Besnehard a fait savoir à l'AFP qu'il assumait d'avoir signé la pétition. "Je soutiens la présomption d'innocence de Gérard et de tout individu. Et je m'en veux d'avoir été naïf", a-t-il regretté. Avant lui, le comédien Yvan Attal a pris, ce jeudi 28 décembre 2023 sur BFMTV, quelques distances avec la tribune tout en assumant de l'avoir signée.
"J'ai un malaise parce que j'ai signé cette pétition qui ne me va pas totalement, mais je l'ai signée parce qu'il y avait quelque chose de plus fort que ce qui me dérangeait dans cette pétition", a-t-il déclaré. Il assure avoir "demandé aux gens qui ont écrit cette pétition de reformuler des choses, de parler de certaines choses" mais qu'ils "n'ont pas voulu". "Mais j'ai signé parce qu'il y a trop de choses qui ne vont pas", a-t-il assumé sa décision. Gérard Darmon, quant à lui, regrette aussi certaines formulations. "Attention de ne pas dire qu'en touchant Depardieu, on touche à l'art (...) C'est des conneries", a-t-il reconnu sur RTL.
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Mis en examen pour viols depuis 2020 et visé par trois plaintes pour viols et agressions sexuelles, Gérard Depardieu, 75 ans revient aussi au coeur des témoignages de 13 femmes qui l'accusent, dans "Mediapart", d'avoir commis des violences sexuelles durant les tournages de films sortis entre 2004 et 2022. Gérard Depardieu nie fermement les accusations.