Vincent Bolloré prend la plume. Après s'être fendu d'une tribune dans le "Journal du dimanche" le 29 avril, l'homme d'affaires a décidé de parler à ses troupes de Vivendi, géant des médias (Canal+, Universal, Dailymotion, Havas) dont il n'est officiellement plus qu'un membre du conseil de surveillance, non sans avoir placé préalablement son fils Yannick à sa tête. Vincent Bolloré a ainsi adressé aujourd'hui un long message aux équipes de Vivendi - dont puremedias.com a pris connaissance - dans lequel il se défend contre les accusations dont il est actuellement la cible. Depuis la semaine dernière, l'homme d'affaires breton est mis en examen dans le cadre d'une enquête ouverte notamment pour "corruption d'agents publics étrangers" et portant sur la manière dont le groupe Bolloré a obtenu la gestion des ports de Conakry, en Guinée, et de Lomé, au Togo.
D'entrée de jeu, Vincent Bolloré met en cause les médias, à l'origine selon lui de ses ennuis judiciaires. "Le tintamarre médiatique organisé depuis quelques années a fini par pousser la justice à me convoquer et à me 'mettre en examen'", écrit-il ainsi en exorde. Assumant pour une fois une totale confusion entre les activités africaines de son groupe familial et celles de Vivendi, Vincent Bolloré justifie sa prise de parole par les conséquences que ses ennuis judiciaires ont et vont avoir pour le géant des médias. "Bien que je demeure présumé innocent et sans contrôle judiciaire, il me paraît nécessaire de vous informer directement de cette situation. Elle risque de peser longuement sur le groupe dans lequel vous travaillez", explique-t-il.
Le tycoon d'Ergué-Gabéric en vient ensuite aux faits qui lui sont reprochés. Il précise qu'il n'est pas "censé faire de commentaires" car "ils font l'objet d'une instruction judiciaire", "mais comme ils sont largement étalés dans la presse (...) je crois que je peux vous les préciser", estime-t-il ensuite. Après les médias, Vincent Bolloré met en cause "un employé du groupe renvoyé" qui serait à l'origine de ce "tohu-bohu". Il pointe ensuite du doigt les enquêteurs, visiblement imperméables à ses explications. "Ces personnes qui ont été naturellement dans leur rôle d'inquisiteur mais malgré cela loyales et courtoises, avaient en tête une vision de l'Afrique tellement différente de la réalité, tellement misérabiliste", juge-t-il. Qualifiant un peu plus loin cette affaire de "fable", il estime qu'"on tord les faits pour qu'ils entrent dans le décor préconçu".
Vincent Bolloré prévient enfin que les désagréments pour Vivendi vont durer. "Je suis profondément désolé des tourments que le groupe va subir. Pour avoir suivi pareilles mésaventures qui sont arrivées à plusieurs de mes amis ou collègues entrepreneurs, je sais que ça sera long : de rebondissement en rebondissement, de nouvelles perquisitions en feuilleton dans la presse, de témoignages 10 ans après", prédit-il à ses équipes. "Je sais que beaucoup d'entre vous souffrent déjà de cette situation par des clients ou des partenaires qui s'inquiètent ou hésitent à continuer avec nous", ajoute-t-il, confirmant au passage que le géant des médias souffre des déboires de Vincent Bolloré.
"Nous allons devoir nous battre dans les médias, nous allons devoir nous battre avec nos avocats dans les tribunaux, nous allons devoir nous battre pour rétablir la vérité et garder la confiance de nos clients, de nos partenaires", annonce ensuite Vincent Bolloré. Et de conclure : "Pour revenir à ces affaires judiciaires, elles finiront par se résoudre devant les faits. Et l'image déformée de l'Afrique où désormais toutes les grandes puissances économiques mondiales veulent venir, sera rétablie. N'ayons pas peur, notre groupe poursuivra sa route ! Ma succession à sa tête a été préparée depuis longtemps et est désormais effective et satisfaisante".