L'épilogue judiciaire d'une rivalité fraternelle. L'écrivain et réalisateur Yann Moix a été relaxé vendredi après les poursuites de son frère cadet Alexandre, qui l'accusait de diffamation pour des propos tenus à la télévision.
Le tribunal correctionnel de Paris a débouté le plaignant, lui aussi écrivain et réalisateur, qui reprochait à son frère de l'avoir qualifié, lors de l'émission "Balance ton post" sur C8 fin 2019, de "proche de groupuscules néonazis" et de Maxime Brunerie, l'homme qui avait tenté d'assassiner Jacques Chirac lors du défilé du 14 juillet 2002. De plus, l'ancien chroniqueur de Thierry Ardisson et de Laurent Ruquier avait déclaré qu'Alexandre Moix avait été "interné en hôpital psychiatrique", ce qui aurait expliqué sa "jalousie maladive".
Lors du procès le 15 octobre, auquel l'AFP a assisité, le procureur avait estimé qu'un seul propos était éventuellement condamnable : celui où Yann Moix affirmait que son frère avait pris "des psychotropes lourds pendant de nombreuses années". Lors de son réquisitoire, il avait suggéré que les différentes offenses soulevées dans la procédure relevaient peut-être de l'injure publique plutôt que de la diffamation.
Seul présent à l'audience parmi les deux frères (Yann Moix a qualifié son frère d''homme dangereux' qu'il préférait éviter à tout prix dans une lettre au tribunal justifiant son absence), Alexandre Moix avait expliqué qu'il n'avait jamais eu d'activité politique, contrairement à Yann qui a reconnu des écrits antisémites remontant au début des années 1990. Le plaignant avait également réfuté la gravité des problèmes psychiatriques allégués par Yann Moix, reconnaissant un simple épisode de dépression dû aux brimades de son frère.
Les deux hommes se vouent une rancoeur très tenace. En septembre 2019, Yann Moix a publié un roman, "Orléans", dans lequel il évoque les sévices qu'il aurait subis durant son enfance. Sa version des faits avait été contestée dans les médias par son père et son frère cadet, qui n'était pas cité dans le livre mais qui accusait l'écrivain d'avoir été au contraire son bourreau durant son enfance. Malgré les attaques par médias interposés, l'affaire n'avait pas été portée sur le terrain judiciaire, que ce soit du côté de Yann Moix ou de son frère Alexandre Moix.
Mais Alexandre Moix avait finalement changé d'avis et décidé de poursuivre son frère pour ces propos tenus dans l'émission de Cyril Hanouna. Dans une autre procédure, le 20 décembre 2019, le frère du prix Renaudot 2013 a aussi attaqué en justice, avec constitution de partie civile, l'animateur Eric Naulleau pour des propos tenus également dans un programme de C8.