Une Palme d'Or, deux Golden Globes, un Bafta, six César et désormais, un Oscar. Dans la nuit de ce dimanche 10 mars à Los Angeles, Justine Triet et son compagnon Arthur Harari ont reçu le prix du meilleur scénario original pour "Anatomie d'une chute" lors de la 96e cérémonie de récompenses du cinéma américain. C'est la consécration pour ce long-métrage qui fait briller la France dans le monde entier. Le film était en lice pour quatre autres prix, celui de la meilleure réalisation pour Justine Triet, du meilleur film, de la meilleure actrice pour Sandra Hüller et du meilleur montage, finalement tous attribués au grand favori de la soirée : "Oppenheimer".
"Je pense que ça m'aidera à traverser ma crise de la quarantaine !", a glissé la réalisatrice très émue au début de son discours de remerciement aux côtés de son coscénariste et compagnon. "Ça représente beaucoup. Le glamour de ce soir contraste avec les conditions dans lesquelles on l'écrivait. Nous étions à la maison, enfermés avec nos deux enfants, c'était le confinement et nous avons mis nos deux enfants devant la télé, il n'y avait pas de séparation entre écrire et les couches", a-t-elle raconté dans sa touche d'humour caractéristique, avant de souligner l'importance du cinéma indépendant.
"Ce film s'est fait dans des conditions très indépendantes. La diversité du cinéma, c'est quelque chose qui me tient à coeur. J'adore les énormes productions mais j'adore aussi les petits films et c'est très beau de voir qu'aux Oscars on peut aussi donner de l'importance à des films comme ça. Le fait de se retrouver à côté d'énormes productions, c'est joyeux. On peut exister aussi en faisant des films totalement différents", s'est-elle réjoui. "C'était une année folle et extraordinaire" a-t-elle ajouté, non sans remercier toute son équipe. "Il n'y avait rien entre nous, ou au dessus de nous. Il n'y avait qu'une indépendance et une liberté totales, c'était la seule façon de faire ce film", a ajouté de son côté Arthur Harari, rendant hommage aux producteurs Marie-Ange Luciani et David Thion, dans un anglais impeccable. Puremedias.com vous propose de découvrir la séquence dans la vidéo ci-dessus.
Une reconnaissance internationale en forme de revanche pour la cinéaste, dont les propos engagés au Festival de Cannes lui avaient attiré les critiques du gouvernement. Lors de son discours de remerciement pour la Palme d'or, la réalisatrice avait critiqué la réforme des retraites, et fustigé la "marchandisation de la culture que le gouvernement néolibéral défend". Des propos qualifiés d'"injustes" par la désormais ex-ministre de la culture Rima Abdul-Malak. À l'époque, l'Élysée n'avait envoyé aucun message de félicitations à Justine Triet, comme il est de coutume pour un film français. Le gouvernement a seulement brisé son silence en janvier, lorsque le long-métrage a remporté deux Golden Globes, le mettant en bonne position... pour les Oscars.