"Envoyé spécial" rappelé à l'ordre. Le 14 décembre 2017, le magazine de France 2 incarné par Elise Lucet diffusait un reportage sur "l'affaire Georges Tronc", du nom de ce responsable politique accusé par deux anciennes collaboratrices de viol et d'agression sexuelle. Ce reportage intitulé "Celle qui accuse" avait été diffusé pendant le procès de Georges Tron devant la cour d'assises de Seine-Saint-Denis, dans le sillage de l'affaire Weinstein. Le sujet se concentrait sur la parole d'une des plaignantes, Virginie Faux, et donnait la parole à une autre femme citée comme témoin par la cour mais qui n'avait pas encore été entendue.
A l'époque, les avocats de Georges Tron avaient tenté en vain d'obtenir la déprogrammation du reportage d'"Envoyé spécial" en saisissant le Conseil supérieur de l'audiovisuel. "La diffusion d'un tel documentaire, réalisé quelques jours avant l'audience, et qui ne semble que collecter des éléments visant à porter atteinte à la présomption d'innocence de notre client (...) constitue une atteinte particulièrement grave à cette présomption, et apparaît susceptible d'influencer largement les débats de justice", avait fait valoir dans une lettre Me Eric Dupond-Moretti. Le président de la Cour d'assises avait finalement décidé de renvoyer le procès à une date ultérieure, estimant n'être plus en mesure d'assurer la sérénité des débats.
Saisi de ce dossier, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a annoncé cette semaine qu'il infligeait une mise en demeure à France 2 pour ce reportage jugé "déséquilibré" et manquant de "mesure". Le CSA a ainsi constaté que ce dernier était "très majoritairement consacré à une femme qui, accusant un homme politique de faits de viol en réunion, était partie civile à un procès d'assises largement médiatisé et alors en cours". Le régulateur a ensuite estimé que "si la présomption d'innocence dont bénéficie l'accusé n'y a pas été expressément remise en cause", "le crédit accordé à la partie civile, les déclarations des témoins interrogés et les commentaires hors champ concouraient à l'établissement d'un reportage déséquilibré et essentiellement centré sur les charges retenues contre l'accusé". Le procès de Georges Tron devrait se tenir à l'automne prochain.