L'agrément de "France-Soir" retiré. La Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP) a décidé, selon une information révélée par "Mind Media", que le site, inondé de contenus covido-sceptiques pendant la crise sanitaire, ne peut plus revendiquer l'appellation service de presse en ligne (SPEL). Cette dernière ouvre le droit à des aides, telles qu'un abattement sur les cotisations sociales et les frais professionnels des journalistes, un taux de TVA réduit sur les ventes de contenus d'informations et des exonérations (taxe professionnelle).
"Le motif du refus de renouvellement de son certificat de reconnaissance SPEL ne peut être communiqué avant la notification de cette décision au demandeur", fait savoir la commission dans "Le Monde", précisant que "la décision motivée sera communiquée directement à l'éditeur dans les meilleurs délais". Xavier Azalbert, directeur de la publication du site qui porte le nom d'un ancien quotidien, dispose d'un mois pour faire appel de la perte de cet agrément.
Cette décision intervient toutefois deux ans et demi après que le Syndicat national des journalistes "s'est étonné qu'un site diffusant de fausses informations et des thèses complotistes puisse continuer à bénéficier de sa qualité de service de presse en ligne et du statut du site 'd'information politique et générale' lui permettant de percevoir des aides à la presse", a contextualisé le Syndicat dans un communiqué publié ce 1er décembre.
Avant de poursuivre : "Le SNJ rappelle que c'est avant tout le caractère journalistique du traitement de l'information qui doit être pris en compte. C'est-à-dire, notamment, la présence de journalistes en nombre suffisant au sein de chaque rédaction de médias demandant un tel agrément". En avril 2021, "France-Soir", soutenu à l'époque par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, avait réussi à démontrer "la présence de deux journalistes permanents et quatre pigistes", se souvient "Le Monde".
Son agrément était alors déjà menacé, après la circulation d'une pétition - signée du SNJ et d'anciens journalistes du média - accusant le site de "répandre en toute impunité de fausses informations et des thèses complotistes dangereuses pour la société". France Culture s'inquiétait, en 2021, de "la déliquescence d'un journal devenu anti-journalistique", passé du statut "du plus grand quotidien d'après-guerre à un média complotiste sans journaliste".
Malgré la perte de cet agrément, "France-Soir" "continuera à percevoir des dons aux frais du contribuable", affirme Raphaël Grably, rédacteur en chef adjoint de BFM Business sur Twitter. En avril, rappelle-t-il, "le blog 'France-Soir a remis en place une collecte de dons défiscalisés. Les fonds sont désormais collectés par l'Association pour la presse française libre, immatriculée au siège du journal d'extrême-droite 'Présent'".