Nommée ministre de la Culture en janvier dernier, Rachida Dati a indiqué qu'elle souhaitait mettre en place une gouvernance unique au 1er janvier 2025, sorte de "BBC à la française". Et donc une fusion des différentes composantes. Après cinq anciens ministres de la Culture, c'est aujourd'hui le SNJ (syndicat national des journalistes), par la voix d'une tribune intitulée "Renforcer l'audiovisuel public ne se fera pas avec des 'fusions-suppressions'" et publiée sur le site du quotidien "Libération", qui s'élève contre ce projet.
Dans cette tribune signée par les délégués SNJ de France Télévisions, de Radio France, de TV5 Monde, d'Arte et de France Médias Monde, le syndicat dénonce le choix de Rachida Dati de "frapper vite et fort sur l'audiovisuel public" et "un calendrier resserré pour imposer une 'gouvernance unique' à partir de janvier 2025."
Après avoir rappelé que la question du financement de l'audiovisuel public demeurait en suspens depuis la suppression de la redevance, le SNJ indique craindre des "réductions budgétaires et des coupes dans les recettes publicitaires au profit des médias privés" et surtout la création "d'une strate hiérarchique supplémentaire, nécessitant de nouveaux postes de direction qu'il faudra bien compenser par la destruction d'autres emplois opérationnels".
"Hors de question de revivre les affres de l'ORTF", écrit le SNJ des entités de l'audiovisuel public qui voit dans ce projet "un affaiblissement, une réduction de voilure, une attaque contre ses missions". "À commencer par la mise à disposition du public d'une information intègre, diverse et fiable, marque de fabrique reconnue des différentes antennes publiques. Une diversité, un pluralisme indispensable dans le paysage audiovisuel français", poursuit le syndicat.
Pour le SNJ, qui a demandé une audience à la ministre de la Culture, une demande restée sans réponse pour le moment, le projet de Rachida Dati constitue une "menace pour l'un des fondements de notre démocratie".