Peut-on faire rimer paillettes et planète sur grand écran ? Ils et elles sont 571 personnalités du monde du cinéma à s'être engagées en signant le manifeste "Cut !" pour "Cinéma Uni pour la Transition". Parmi eux, l'acteur belge Jérémie Renier s'est exprimé ce lundi 27 novembre sur cet engagement écologique dans son travail au micro de La Première, l'une des antennes de la RTBF.
"Chaque jour, nos films touchent des millions de personnes. Les salles, les oeuvres, créent des liens uniques entre les humains, les réunissent autour d'histoires communes, qui influencent la façon dont ils regardent, comprennent le monde... Tout comme les Américains ont promu et disséminé dans le monde entier l'American way of life à la fin de la seconde guerre mondiale, en utilisant les films, la télévision, la publicité, nous pouvons aujourd'hui construire de nouvelles représentations du monde, de l'avenir. Tout doit être repensé, réinventé, reconstruit", a martelé le comédien de 42 ans au micro de la radio publique belge.
Parmi les signataires du manifeste figurent d'autres grands noms du cinéma français tels que Marion Cotillard, Vincent Cassel, François Cluzet, François Damiens, Jean Dujardin, Virginie Effira, Charlotte Gainsbourg ou encore Eric Toledano. Tous ont indiqué qu'ils étaient conscients de l'urgence lors du Festival de Cannes 2023. "Quand on a essayé de faire signer ce manifeste par un maximum de monde, certains ont eu peur d'être jugés. Marion Cotillard qui est l'une des initiatrices a été beaucoup critiquée pour cela. Mais l'idée n'est pas d'être parfait, on n'a plus le temps pour juger l'autre et savoir si on est cohérent", a noté Jérémie Renier.
Depuis sa prise de position, l'acteur observe l'arrivée "d'éco-conseillers en tournage". Ces intervenants sont chargés de diriger la production des films pour réduire leur impact sur l'environnement. "Que ce soit sur les déplacements ou sur la nourriture servie en étant plus végétarien", a énuméré l'acteur.
Pour autant, être signataire de ce manifeste ne garantit pas de ne pas être paradoxal. Embarqué sur le tournage de la série "Carême", destiné à être diffusée sur Apple tv et réalisée par Martin Bourboulon avec Benjamin Voisin et Lyna Khoudri, Jérémie Renier confie s'être "demandé si signer un projet avec Apple n'était pas contradictoire". "Et au contraire, je me suis dit que le meilleur moyen d'agir c'était de réfléchir avec eux, en entrant dans le système. Cela permet de faire changer les choses, de faire évoluer les normes. Ici, Apple m'a promis que pour les productions françaises, il y aurait une charte des acteurs dans laquelle les acteurs s'engagent à toute une série d'actions un peu plus éco-friendly".
Un réel engagement à la faveur de la préservation de la planète nécessite-t-il de refuser certains projets, portés par des acteurs du cinéma trop peu vertueux comme Apple ou Amazon ? "Je me suis vraiment posé la question d'accepter un prochain Blockbuster qu'on pourrait me proposer", a confié l'acteur belge. Mais selon lui, "il ne faut pas scléroser l'industrie du cinéma". "Il faut qu'on continue à proposer des films, que les acteurs et techniciens puissent continuer à travailler", a-t-il insisté.
Il estime que l'impact passe aussi par les films à gros budget et qu'il faut en parallèle "protégeait par exemple les films à impacts pour que les gens qui n'iraient pas les voir spontanément y aillent quand même". "L'idée n'est pas de taper sur ceux qui polluent, c'est les inviter à évoluer et leur montrer qu'il y a d'autres formats possibles", a ajouté Jérémie Renier. Il a en tout cas assuré que le plus grand nombre doit désormais agir. À un moment donné, on n'aura de toute façon plus le choix", a-t-il conclu.