Nuit blanche en perspective. Trois jours après la date anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau et la Journée internationale d'hommage à la mémoire des victimes de la Shoah, France 2 rediffusera, ce mardi 30 janvier 2024 à 21h10, "Shoah" (1985), le film de Claude Lanzmann, qui revient sur l'extermination, par l'Allemagne nazie, de la population juive européenne pendant la Seconde Guerre mondiale, entre 5 et 6 millions d'êtres humains selon les estimations des historiens.
Suffisamment rare pour être souligné, la chaîne publique retransmettra cette oeuvre audiovisuelle patrimoniale – d'une durée de 9h30 – dans son intégralité. Autrement dit, le film se terminera au petit matin juste avant la prise d'antenne de "Télématin". Un parti pris revendiqué par l'État major de l'entreprise publique, ce dimanche 28 janvier 2024 dans les colonnes de "La Tribune dimanche", au nom du devoir de mémoire qui va "de pair" avec celui d'informer.
"Nous souhaitons faire de cette programmation plus qu'un événement : une façon d'interpeller notre mémoire commune", affirment de concert Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, Stéphane Sitbon-Gomez, directeur des programmes et des antennes, et Alexandre Kara, directeur de l'information.
"Pourquoi, près de 40 ans après sa sortie, l'oeuvre monumentale de Claude Lanzmann reste-t-elle à ce jour la meilleure démonstration de l'horreur ? Pas seulement à cause du choc que sa projection suscita dans le monde entier mais parce qu'hier comme aujourd'hui elle porte en elle une vérité brute", s'accordent à dire les trois cadres de l'audiovisuel public qui souhaitent donner à voir "la barbarie humaine" pour contrer "le poison du relativisme".
La Shoah "est convoquée (à tort, ndlr) pour être comparée aux violences d'aujourd'hui alors même que la pensée contemporaine a démontré que c'est la folie sans limite de cette destruction qui en fait le caractère singulier", analysent-ils à regrets.
Par ailleurs, parce que "pour la première fois, depuis des décennies, la mémoire de la Shoah tend à s'effacer", il y a, selon eux, "une urgence existentielle à se saisir de ce film historique pour le plonger dans la réalité du présent." (...) Il y a urgence à afficher l'impensable aux yeux du plus grand nombre car, sondage après sondage, débat après débat, nous voyons les faits et les dates s'évaporer laissant place au négationnisme, qui sert une idéologie bien connue dont l'ignorance et le doute sont le terreau".