La quotidien dénonce ses propos. Ce vendredi 26 avril 2024, la ministre de la Culture Rachida Dati était l'invitée de l'interview de 7h50 d'Amandine Begot dans la matinale de RTL. A l'issue de l'entretien, la journaliste l'a interrogé sur l'enquête de "Libération", parue cette semaine, évoquant ses activités d'avocate menées auprès d'Orange lorsqu'elle était députée européenne.
"'Libération' évoque votre mise en examen dans l'affaire Renault et assure que vous auriez travaillé pour un autre grand groupe, Orange. Vous auriez, et je cite 'Libération', touché plus de 800.000 euros comme avocate d'orange alors que vous étiez députée européenne. Est-ce que c'est vrai ?", a demandé Amandine Bégot. "Madame Bégot, d'abord, vous n'êtes pas procureure de la République !", a répliqué Rachida Dati. "Je vous pose la question parce que vous n'y avez pas répondu et qu'il y a ces informations", a précisé la journaliste.
Pour se défendre, la ministre de la Culture a rappelé qu'elle "travaille depuis son plus jeune âge" : "J'ai toujours travaillé. Je considère que la politique, ce n'est pas un métier, c'est une mission. Moi, j'ai un métier. J'ai été magistrat. C'est comme ça que j'ai pu devenir avocate. C'est autorisé par la loi. Vous pouvez être élue et être avocate". "J'ai eu des contrats qui sont légaux et qui sont reconnus. Vous recevez très régulièrement ici des avocats qui sont élus !", a-t-elle poursuivi.
"Je vais vous dire... Ce journal, contre lequel nous en sommes déjà à la troisième plainte... Ca n'est pas très grave... Est-ce que ce journal, subventionné par la mairie de Paris, qui s'attaque à Rachida Dati... Est-ce que c'est déontologique ? Est-ce qu'il n'y a pas un conflit d'intérêts ?", a lancé la membre du gouvernement. Et d'ajouter : "Que la mairie de Paris se serve de ce journal parce que le journaliste est un ami de madame Hidalgo... Pour pouvoir m'attaquer ? Sur quelque chose de légal, est-ce normal ? Je n'ai pas le droit de travailler ? Je n'ai pas le droit d'être avocate ? Moi, je ne vis pas, contrairement à la maire de Pairs, avec l'argent public". puremedias.com vous propose de visionner la séquence.
Dans la matinée, "Libération" a tenu à répondre aux "propos indignes" de Rachida Dati. "La direction de la rédaction et la Société des journalistes et des personnels de 'Libération' s'alarment des propos tenus ce vendredi 26 avril par la ministre de la Culture, Rachida Dati, après nos révélations sur ses activités d'avocate menées auprès d'Orange durant son mandat de députée européenne − activités qui lui valent aujourd'hui une mise en examen dans un autre dossier, dit 'dossier Renault' pour 'corruption passive' et 'trafic d'influence'", a écrit le journal.
Le quotidien a estimé que "les attaques directes et personnelles visant l'un de (ses) journalistes", "tout comme l'accusation aussi outrancière qu'infondée de 'conflit d'intérêts' semblent indignes de la fonction occupée par Rachida Dati" : "D'autant que cette dernière est chargée des relations de l'Etat avec les médias et, à ce titre, se doit d'être garante de la liberté de la presse".
"En remettant en cause la 'déontologie' de 'Libération' et ses journalistes dans le seul but de se défendre face aux enquêtes judiciaires qui la visent plutôt que de répondre sur le fond de nos révélations, la ministre de la Culture sort de son rôle", a estimé le journal de gauche. Et de conclure : "'Libération' n'entend pas céder à ces pressions et continuera son travail d'investigation, y compris, et surtout, sur les personnalités au pouvoir".