"La Rue des allocs" continue de faire parler. Si l'émission de M6 n'a pas connu un énorme succès mercredi soir - 1,8 million de curieux (9,5% de PDA) en prime et 1,7 million (12,8% de PDA) en deuxième partie de soirée -, elle a déjà fait couler beaucoup d'encre. Mais les participants sont eux rassurés, comme ils le confient au Courrier Picard. "J'avais un peu d'appréhension, j'étais un peu sceptique, mais j'ai été rassuré. C'est la réalité de notre quotidien", affirme Franck, vu mercredi soir sur M6, tout comme David qui "craignait le pire" avant la diffusion.
Quant à Marie-Jo, la mère de famille veuve suite au meurtre de son mari, elle n'a pas regardé l'émission mais n'a connu que des retombées positives ce jeudi. "J'attendais de voir la réaction de gens. Ce matin, je n'osais pas sortir. Mais j'étais obligée pour faire mes commissions ! Bon, ça va, tout le monde m'a dit que j'étais bien", raconte-t-elle, s'amusant en se demandant si cela allait lui permettre de rencontrer l'amour. En revanche, le titre du docu-réalité et certains plans ont agacé à Saint-Leu.
"Ca devait s'appeler 'Le quartier prioritaire au quotidien'", assure Marie-Jo. "Les gens de Saint-Leu se sentent rabaissés par ce titre. C'est la rue des cas sociaux...", surenchérit Franck. Un autre participant a lui été déçu de voir de l'alcool présent chez lui apparaître à l'écran, alors qu'il avait demandé à ce qu'il n'y figure pas. "Les gros plans sur les canettes, c'était inutile. Il n'y avait pas besoin d'aller à Saint-Leu pour voir ça", se plaint cet autre protagoniste du programme de la Six.
Du côté de la mairie d'Amiens, Brigitte Fouré avoue au quotidien régional être partagée après avoir regardé l'émission - tout comme le ministre de la Ville Patrick Kanner, qui s'en est pris à M6 mercredi soir. "Je fais un constat mitigé. Je ne nie pas les difficultés rencontrées par une partie des habitants de Saint-Leu, dans le secteur des Parcheminiers. Je n'ai d'ailleurs pas attendu l'arrivée de M6 pour le découvrir !", assure-t-elle, confiant que le quartier est "prioritaire dans le cadre de la politique de la Ville".
Par ailleurs, la maire de la capitale picarde juge que le programme s'apparente davantage à de la télé-réalité qu'à un docu-réalité et n'a pas apprécié non plus la présence d'alcool à l'écran. "Ces scènes ne sont pas conformes à l'idée que j'ai de la dignité que l'on doit à ces personnes. Elles n'apportent pas grand-chose au fond du sujet", dénonce-t-elle. Enfin, quant aux informations données, Brigitte Fouré assure que le taux de chômage de 20% avancé est erroné. "Il est de 13%, soit un peu plus de deux points au-dessus de la moyenne nationale", affirme l'édile, qui ne s'oppose toutefois pas à la diffusion des deux épisodes restants.