Après la mise en demeure, la plainte. Cet été, la Société de production "Le Média" (SDPLM) avait adressé une mise en demeure à Sophia Chikirou, ancienne responsable des deux sociétés qui chapeautent la web-telé fondée par des proches de La France Insoumise : l'Entreprise de presse Le Média (EDPLM) d'un côté et donc la SDPLM de l'autre. Cette mise en demeure donnait à Sophia Chikirou jusqu'au 31 août pour rembourser "les 64.119,61 euros déjà encaissés" par son agence de communication Mediascop et pour "renoncer aux 67.146 euros dont elle réclame le paiement".
Faute de réponse de sa part, la SDPLM, par l'intermédiaire de sa nouvelle présidente, Stéphanie Hammou, a donc déposé la semaine dernière deux plaintes contre X, comme le révèlent "Médiapart" et Radio France, des plaintes dont les éléments tendent à incriminer Sophia Chikirou. La première d'entre elles concerne le vol d'éléments matériels - le bureau de l'ex-responsable aurait été vidé de tous ses dossiers ainsi que du matériel de bureautique pendant la fermeture estivale - tandis que l'autre concerne celui de deux chèques, un d'eux ayant été émis au crédit de la société de Sophia Chikirou pour un montant de 67.146,58 euros, l'autre ayant été marqué comme "annulé" sur la souche.
"Le Média" a fait opposition à ces deux chèques, même si Sophia Chikirou affirme que le chèque de 67.146,58 euros lui a été remis par Stéphanie Hammou en personne. Ces plus de 67.000 euros correspondraient selon la patronne de Mediascop, qui gérait la communication du "Média", à des "productions, mise à disposition de matériel vidéo, sonore, informatique et de mobilier pour tournage, ainsi que des prestations de communication et de stratégie, administratives et juridiques" fournis au cours du premier semestre 2018.
Révoquée de ses fonctions à la tête de la Société de production "Le Média" cet été, Sophia Chikirou devait "restituer toutes les possessions de la SDPLM, biens matériels, informations, code d'accès, etc., avant le 27 juillet 19h", ce qui n'a pas été fait. Son bureau a même été fermé à clé, rendant son accès impossible. L'ex-directrice de la communication de Jean-Luc Mélenchon a affirmé dans un mail en avoir perdu les clés, non sans ajouter un commentaire cinglant à l'intention de ex-camarades, comme le révèle "Mediapart" : "Et souvenez-vous de qui je suis : celle qui vous permet aujourd'hui de faire les malins en vous donnant une importance que vous n'auriez jamais dû avoir".
Par l'intermédiaire de son avocat David Marais, Sophia Chikirou réfute toutes les accusations dont elle fait l'objet et dénonce une "tentative de manipulation". Elle entend bien porter plainte à son tour contre les sociétés dirigées par Stéphanie Hammou, Henri Poulain et Hervé Jacquet, responsables mais aussi prestataires du "Média", "afin que soit vérifié l'ensemble de la comptabilité du Média et pas seulement la relation Le Média/Mediascop".
Cette proche de Jean-Luc Mélenchon, également accusée dans un dossier distinct d'avoir surfacturé certaines prestations pendant la campagne présidentielle de La France Insoumise, réclame toujours 120.000 euros au "Média", au titre de la dernière facture de 67.146 euros non acquittée par la web-télé, somme à laquelle elle a ajouté des dommages et intérêts et les paiements de frais de justice.