Un "média déchaîné" à la pointe sur le numérique. C'est, en somme, le message qu'Arte a voulu faire passer cette semaine à l'occasion de sa conférence de presse de rentrée. Véronique Cayla, présidente d'Arte France, a vanté un média qui est parvenu avant les autres à s'adapter aux nouveaux usages et anticipe son avenir en misant sur le numérique. "Aujourd'hui, 80% du public arrive sur Arte via l'antenne. Dans trois à cinq ans, ce sera via sa plateforme. Arte s'assume en média déchaîné, libéré d'une télévision bientôt archaïque", a expliqué la patronne de la branche française de la chaîne franco-allemande qui affichait une part d'audience moyenne de 2,4% en France en 2017-2018, selon Médiamétrie.
Dotée d'un budget de 279,5 millions d'euros en 2018, la chaîne n'échappera pas à la cure budgétaire imposée à l'audiovisuel public dans le cadre de la réforme à venir. 2 millions d'euros d'économies devront être réalisés l'an prochain. "Participer à l'effort demandé même de manière plus modeste, c'est douloureux pour nous", explique Véronique Cayla dans les colonnes du "Monde". La dirigeante rappelle par ailleurs qu'Arte a déjà réduit de 24% ses frais de structures entre 2011 et 2017. S'estimant en phase avec les attentes de la réforme, qui attend de l'audiovisuel public qu'il mise davantage sur le numérique, Véronique Cayla a rappelé qu'Arte a été précurseur en la matière en étant notamment la première chaîne à s'être convertie au replay en France.
Dans les prochaines années, Arte entend devenir "une offre numérique multilingue de programmes européens" dont l'antenne ne sera plus qu'une vitrine. Arte enterre également son identité de "chaîne franco-allemande" pour se définir désormais comme "chaîne européenne publique par excellence". La chaîne, qui veut diffuser un idéal "humaniste" et faire "dialoguer les peuples" s'appuie notamment sur Arte Europe, dispositif numérique qui lui permet de proposer ses programmes dans six langues (allemand, français, espagnol, anglais, polonais et italien), la rendant ainsi accessible à 70% de la population du continent. Au premier semestre, Arte se félicite d'avoir enregistré 300 millions de vidéos vues via le numérique, dont la moitié sont visionnées hors de France.
Pour la saison à venir, Arte entend donc mettre l'accent sur l'Europe, dans la perspective notamment des élections européennes. Les co-productions avec les chaînes publiques européennes seront ainsi renforcées. Un documentaire d'une durée exceptionnelle de 24 heures, intitulé "24h en Europe", dans lequel de jeunes Européens expriment leurs attentes sur l'Europe, sera proposé en juin. Désormais animé par Nora Hamadi, "Vox Pop", le magazine d'investigation sur l'Europe hérite d'une nouvelle programmation le dimanche à 20h05. Du côté des séries, les téléspectateurs d'Arte pourront découvrir les co-productions européennes "Il Miracolo" (avec l'Italie), "Eden" (avec l'Allemagne) ou encore "Au nom du père" (avec le Danemark).
Très productive en matière de fictions françaises, Arte proposera cette année "Ad Vitam", un 6x52minutes avec Yvan Attal, Niels Schneider et Rod Paradot, "Jeux d'influence", un 6x60 minutes avec Alix Poisson et Pierre Perrier ou encore "Il était une seconde fois", un 4x52 minutes avec Gaspard Ulliel et Freya Mavor. Est également attendue, dès septembre, "Coincoin et les Z'inhumains", saison 2 de "P'tit Quinquin". Côté unitaires, la chaîne proposera "Un adultère" avec Isabelle Carré, "Jonas", première réalisation de Christophe Charrier avec Felix Maritaud et Aure Atika, ou encore "Je sais tomber" avec le jeune comédien Benjamin Voisin.