C'est une première dans l'histoire du concours centenaire et retransmis à la télévision depuis 1986. "Cette année, les 29 Miss qui vont défiler le soir du 11 décembre sur l'antenne de TF1 auront des contrats de travail", a annoncé ce matin, à TF1 lors de la présentation du programme à la presse, la nouvelle présidente de la société Miss France, Alexia Laroche-Joubert.
"Depuis ma nomination en tant que présidente de la société Miss France, avec les équipes, on a travaillé à la ligne éditoriale de l'émission et aux conditions de production. Alors cela a des conséquences artistiques, techniques et juridiques", a-t-elle simplement indiqué. Fermez le ban. Aucune précision n'a, en effet, été portée à notre connaissance sur la période couverte par le contrat de travail - débute-t-il dès leur élection en région? Dès leur décollage, aujourd'hui, pour le voyage à La Réunion ? - les prestations qu'il implique ou le montant du salaire.
Il y a un mois, la présidente d'Adventure Line Productions (ALP) tenait un tout autre discours sur le sujet. "Ce n'est pas du travail, martelait-elle. Du travail, c'est autre chose. Vous avez un employeur, vous avez des horaires. Là, en l'occurrence, c'est des concours régionaux. Elles ont le choix de se présenter ou pas. (...) Ça s'appelle d'ailleurs un concours de beauté, ça fait 100 ans qu'on célèbre le concours".
Alexia Laroche-Joubert n'en a pas dit davantage non plus sur le lien de cause à effet entre sa décision de ce matin et la procédure intentée aux prud'hommes de Bobigny contre Endemol - qui produit l'émission de TF1 - et la société Miss France, par Osez le féminisme. L'association réclamait, dans le cadre de cette action menée le mois dernier, que les candidates signent un contrat de travail. "Les termes de 'show' et de 'meneuses de revue' sont ceux utilisés par la société Endemol Production elle-même pour décrire son programme. La loi impose la régularisation d'un contrat de travail dès lors qu'une relation de travail existe, peu importe la volonté des parties", indiquait Osez le féminisme sur son site tout en rappelant l'existence d'un arrêt de la Cour de Cassation daté de 2013 qui a retenu "l'existence d'une relation de travail entre les candidats et la société de production" concernant le concours Mister France. L'association a indiqué, cet après-midi sur Twitter, qu'elle maintenait son action en justice.
Dans l'auditorium de TF1, la présidente de la société Miss France a surtout tenté, brièvement mais fermement, de damer le pion aux "néo-féministes" : dans son viseur, les récentes "polémiques" et les procès en "sexisme" qui entourent cette année encore le concours qui a réalisé l'an passé son meilleur score d'audience depuis 2006. "Ces polémiques menées par des groupes néo-féministes n'ont que pour but de profiter de la notoriété du programme pour s'offrir un moment de buzz. J'étais prête à les rencontrer et à leur tendre la main mais ce n'est pas possible de discuter avec elles car elles ne veulent qu'une seule chose : tuer le concours", a-t-elle assuré sur un ton offensif.
Néanmoins, Alexia Laroche-Joubert, qui perçoit "Miss France" comme "une opportunité pour les femmes de s'affirmer", ne s'interdit pas de revenir sur le manque de modernité du programme par certains aspects. "Il y a peut-être des discussions à avoir sur le terme juridique de célibataire. Sur les tatouages, on a été un peu trop restrictifs aussi, mais on doit parler de ses questions avec les comités régionaux également." "En 15 ans, j'ai montré qu'on était hyper ouverts, j'ai moi-même fait évoluer le règlement parce que les jeunes femmes évoluent. Il continuera peut-être à évoluer, confirme Sylvie Tellier.
"Les tatouages sont déjà tolérés depuis longtemps, rappelle la directrice générale de la société Miss France. la seule chose que l'on demande, c'est qu'ils soient discrets. Je n'ai jamais interdit aux jeunes femmes de fumer, je leur demande juste d'être discrètes. Il me semble que l'on a une responsabilité, nous, envers toutes les jeunes femmes et les petites filles qui nous regardent. On a ce rôle de grande soeur, de modèle. Mon sentiment, c'est que l'on est dans un pays de liberté et qu'il faut parfois encadrer cette liberté par des conditions d'inscriptions. Ces règles, il me semble qu'elles sont importantes". Là encore, il s'agit d'une forme de réponse à l'action d'Osez le féminisme, qui exigeait que "cesse toute forme de discrimination illégale dans les critères de sélection".
En attendant l'issue de cette action en justice, le concours, présenté par Jean-Pierre Foucault et Sylvie Tellier, sera bel et bien retransmis sur TF1 le samedi 11 décembre en direct du Zénith de Caen (Calvados). Il aura cette année pour thème les comédies musicales dans le but "d'accentuer le côté spectacle", selon les termes du producteur artistique, Frédéric Gilbert. Trente chanteurs de gospel accompagneront notamment les Miss et interpréteront "Le cercle de la vie" du "Roi Lion" en ouverture de l'émission composée cette année de neuf tableaux. 29 Miss sont en compétition pour tenter de décrocher la couronne et succéder à Amandine Petit, Miss France 2021.