Un programme qui casse les codes. Depuis la sortie de "Frenchie Shore", la télé-réalité ultra-trash produite par Satisfaction et diffusée sur MTV et Paramount +, suscite de nombreux commentaires. Ce programme met en scène dix jeunes faisant la fête durant environ un mois dans une villa du Cap d'Agde. Leurs journées sont rythmées par des moments où ils travaillent pour gagner le droit de sortir en boite de nuit et des séquences où ils font la fête et ont des relations intimes.
Alors que certains crient au génie, félicitant le retour d'un programme qui montre tout et où le off n'existe pas ou presque, d'autres s'indignent que des scènes de sexe soient montrées de manière explicite à la télévision et sur une plateforme diffusée sur le territoire français. D'autant que ces séquences, virales, sont massivement diffusées sur les réseaux sociaux.
Avec une diffusion restreinte à la plateforme de vidéo à la demande de Paramount et en linéaire chaque samedi à 23h sur MTV, adjointe d'une mention "déconseillé aux moins de 16 ans" et d'un message indiquant en préambule que "ce programme contient un langage, des références et des scènes sexuelles pouvant choquer les jeunes spectateurs", la diffusion de séquences en ligne interroge. Et jusqu'à la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, qui s'est exprimée sur le sujet dans une interview au "Parisien" ce lundi 20 novembre 2023.
"Je me garderai bien de commenter le choix des chaînes et des plateformes qui ont leur liberté éditoriales", indique d'abord la ministre. Elle précise que le programme est bel et bien déconseillé aux moins de 16 ans. "Mais n'importe qui peut tomber dessus sur les réseaux sociaux comme ça m'est arrivé", déplore-t-elle.
"L'Arcom, contrairement à ce que j'ai pu lire, a compétence pour les plateformes au titre de la protection des mineurs", insiste ensuite Rima Abdul Malak. Comme le précise la fiche de présentation du gendarme de l'audiovisuel, il "est en charge des services de télévision et des services de médias audiovisuels à la demande (SMAD)", et donc des plateformes de streaming. Parmi les missions de l'Arcom figure effectivement la protection des "publics face aux grands enjeux sociétaux dans les médias audiovisuels et sur les plateformes en ligne". Plusieurs cas sont ensuite énumérés : "La protection des mineurs, le respect des droits des femmes, la lutte contre les discriminations, la juste représentation de la société française..."
"Ce qui pose question, c'est l'accès aux mineurs, car on est à la limite de la pornographie, et c'est de la télé-réalité. On n'est pas dans le registre de la fiction, d'un film ou d'une série, avec le recul que ça implique", renchérit la ministre de la Culture. Elle déplore que les adolescents puissent se dire "c'est ça la réalité des rapports humains, des rapports sexuels" en regardant "Frenchie Shore". "Ça peut être une entrée en matière catastrophique", conclut-elle. Pour l'heure, on ne sait pas si le gendarme de l'audiovisuel a été saisi concernant ce programme dont le troisième épisode a été diffusé samedi 4 novembre et dont la diffusion de la première saison s'étalera sur dix épisodes.