Angle mort. Dans le "8.30" de franceinfo:, Marc Fauvelle et Salhia Brakhlia ont reçu, ce mercredi 10 mai 2023, le chef économiste du Fonds monétaire international (FMI), Pierre-Olivier Gourinchas, afin de décrypter les raisons de l'inflation. Le duo de journalistes est tombé de sa chaise lorsque leur invité a confirmé les déclarations de son homologue de la Banque centrale européenne, selon lesquelles les marges des entreprises - alimentées par les profits records emmagasinés - gonflent l'inflation davantage que les augmentations de salaires.
"On dit la même chose", a rétorqué, en référence au rapport du FMI daté du mois d'octobre 2022, Pierre-Olivier Gourinchas à Salhia Brakhlia qui l'interrogeait. "Les prix ont augmenté plus rapidement que les salaires, qui sont un peu plus inertiels et ont tendance à s'ajuster un peu plus lentement que les prix (...) Donc on peut s'attendre à ce qui est un rattrapage des salaires. Cela paraît assez normal", a-t-il estimé au regard de la "situation plutôt bonne sur le marché du travail, y compris en France".
"On a des niveaux d'emplois assez élevé, on a des taux de chômage qui sont historiquement bas", a-t-il illustré, ajoutant que "dans ce contexte-là, on devrait s'attendre à ce qu'il y ait un rattrapage des salaires". D'après les prévisions du FMI, "les salaires réels, ajustés au coût de la vie, devraient revenir à leur niveau d'avant crise de l'inflation. Les marges des entreprises ayant augmenté, elles peuvent, en moyenne, absorber cette augmentation des coûts salariaux".
Après avoir laissé son invité développer son raisonnement, Marc Fauvelle s'est étonné. "Mais cela veut dire, pardon de le dire comme ça, que l'on s'est tous un peu plantés en expliquant (...) que quand on augmentait les salaires, on gonflait automatiquement l'inflation et que l'on ne s'en sortirait pas. On s'est plantés, je m'inclus dans le lot", a-t-il regretté. Si Pierre-Olivier Gourinchas a bien rappelé que ce lien de cause à effet a pu être vrai dans les années 1970, "à la suite des chocs pétroliers", "on a une situation assez différente maintenant. Situation différente, analyse différente (...) Ce que nous disons (donc), c'est qu'il ne faut pas s'alarmer s'il y a un rattrapage des salaires". puremedias.com vous propose de visionner la séquence.
Ce mea culpa en rappelle un autre : Léa Salamé avait fait amende honorable après avoir appris de la bouche de l'économiste Michaël Zemmour, invité le 7 février 2023 sur France Inter, qu'une pension mensuelle de 1.200 euros n'était pas garantie dans la réforme des retraites, contrairement à la promesse du gouvernement, pour les salariés ayant eu une carrière complète.