Un "Moment Meurice" attendu. Deux semaines après sa dernière chronique jugée polémique voire antisémite – il avait qualifié le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de "nazi sans prépuce" – Guillaume Meurice a fait son retour, ce dimanche 12 novembre 2023, sur l'antenne de France Inter. "Vous êtes encore là, vous ?", s'est faussement étonnée d'entrée de jeu Charline Vanhoenacker, présentatrice de l'émission "Le grand dimanche soir" le dernier jour de la semaine entre 18h et 20h. "Je ne sais pas encore pour combien de temps. Mais mon badge est toujours activé, donc je suis là", a rétorqué, dans un sourire, l'humoriste qui s'est exprimé en longueur dans sa chronique une heure plus tard.
Pour son accroche, Guillaume Meurice a choisi de citer sa patronne, la directrice de France Inter Adèle Van Reeth. "Nous allons continuer à titiller les interdits. Ainsi parlait la philosophe Adèle Van Reeth (pour rassurer les auditeurs orphelins de la quotidienne "C'est encore nous", ndlr). Citer les grandes intellectuelles en début de chronique, ça fait bien", a-t-il ironisé en référence aux critiques d'Adèle Van Reeth après sa chronique et l'avertissement dont il a écopé de la direction de Radio France. "Et puis, celle-là de chronique, j'ai l'impression qu'elle est pas mal attendue. On va faire un bon score Médiamétrie, notamment à la DRH de Radio France", a-t-il prédit.
Après cette entrée en matière, Guillaume Meurice a choisi de répondre aux accusations d'antisémitisme, dont il fait l'objet depuis des jours, en interrogeant l'un des représentants du "collectif juif décolonial" Tsedek. À son micro, celui-ci a expliqué que "être Gazaoui, ce n'est connaître que la privation, la violence des campagnes militaires israéliennes, l'omniprésence de la mort", a-t-il décrit.
Avant de contextualiser : "Netanyahu accompagne un mouvement de fascisation du champ politique de la société israélienne. La coalition qui lui a permis d'accéder au pouvoir est composée de ministres que l'on n'hésiterait pas à qualifier de néo-nazis s'il ne s'agissait pas d'Israël. Cette violence systémique et permanente est vouée à se retourner contre les Israéliens. La colonisation enferme colonisateurs et colonisés dans des rapports déshumanisants et hôte toute possibilité de coexistence pacifique".
Guillaume Meurice d'enchaîner : "Est-ce que le dire, même avec des mots qui choquent, maladroitement selon certains, c'est de l'antisémitisme, y compris si ce sont des juifs qui le disent ? Ou alors est-ce que c'est juste une question de liberté d'expression et de liberté tout court pour certaines populations ?, a-t-il demandé avant de rappeler à l'attention de tous des propos de Laurence Bloch prononcés après l'attentat contre "Charlie Hebdo" du 7 janvier 2015.
"'Une nouvelle génération d'humoristes se déploie aujourd'hui en France et rencontre un public toujours plus nombreux. C'est une chance. Accompagnons-les ! Respectons-les et quand l'envie prend à l'un ou à l'autre de les traiter comme des enfants inconséquents ou mal-élevés, souvenons-nous de ce dimanche 10 janvier 2015 où nous étions des millions à manifester pour l'un des droits de l'Homme le plus essentiel : la liberté de s'exprimer'", l'a-t-il cité en conclusion. Aujourd'hui directrice des antennes de Radio France, Laurence Bloch a été directrice de France Inter entre 2014 et 2022 et un soutien des humoristes.
À la fin de la chronique de Guillaume Meurice, Charline Vanhoenacker a clos deux semaines de tension avec ces mots d'apaisement : "Je répète à tous nos auditeurs qui ont été blessés ou choqués qu'ils ont été lus et entendus pour une grande majorité. En tout cas, quand (ils se sont exprimés) dans un langage châtié et non pas (en proférant) des insultes", a-t-elle souligné. puremedias.com vous propose de visionner la séquence.
Pour rappel, la direction de France Inter a décidé à titre exceptionnel que "Le grand dimanche soir" de ce 12 novembre soit tourné sans public, depuis le studio 620 de la Maison de la radio, "pour la sécurité des équipes" dans un contexte de "menaces proférées à l'encontre d'un des humoristes".