C'était il y a six ans. Capitaine de l'équipe de rugby du Pays de Galle, Gareth Thomas devenait le premier joueur international d'un sport collectif à faire son coming out. Une décision qu'il a prise pour mettre fin à une douleur profonde causée par sa décision de cacher son orientation sexuelle pendant de longues années. A 35 ans, et alors qu'il était marié à une femme depuis neuf ans, le rugbyman a finalement décidé de révéler son orientation sexuelle, un choix qu'il a évoqué hier dans "Sept à huit" face à Thierry Demaizière.
Gareth Thomas a évoqué les années passées à mentir, sa façon de cacher son homosexualité en surjouant sa virilité et les blagues sur les homosexuels entendues dans les vestiaires ou dans les gradins, ainsi que les insultes. Il a raconté pourquoi il avait frappé un supporter qui l'avait traité de "pédé" depuis les tribunes, ou comment il s'était acharné sur un adversaire pendant plusieurs années après une insulte lors d'un match.
Evoquant à plusieurs reprises un sport "homo-érotique" pour de nombreux gays, Gareth Thomas a également été interrogé sur l'atmosphère dans les vestiaires, après le match. Et Thierry Demaizière a utilisé une formulation maladroite. "Le rugby est un sport de contact. Il y a les vestiaires. Il y a des douches... Comment vous vous débrouilliez avec vos pulsions homosexuelles et ce rapport très intime que vous aviez avec vos joueurs ?", a ainsi interrogé le journaliste, laissant entendre que les gays doivent combattre à chaque instant la pulsion de se jeter sur tout ce qui bouge, comme l'ont soulevé de nombreux internautes.
Contacté par puremedias.com, Thierry Demaizière regrette que sa question ait pu blesser et précise qu'évidemment, ce n'était pas du tout le but du portrait. "J'ai choisi de parler de ce livre parmi 100 livres sortis en cette rentrée. C'est un livre contre l'homophobie, on a fait une interview assez longue pour offrir ce message de tolérance et d'acceptation, expliquer comment les pulsions d'un sportif malheureux qui les réfrenne deviennent les désirs assumés de quelqu'un d'épanoui", poursuit le journaliste.
"Il en parle beaucoup dans le livre, il dit que c'est un sport de contact, homo-érotique, il le répète plusieurs fois parce qu'il sait que tout le monde ne pense qu'à ça. Mais il veut bien souligner qu'il n'y a jamais eu, pour lui, d'ambiguïté vis-à-vis des autres joueurs", ajoute encore Thierry Demaizière, pour qui le mot "pulsions" n'a aucune conotation péjorative. "Si c'était à refaire, j'emploierais le mot désir", affirme toutefois le journaliste. "On n'est pas là pour blesser, et si ce mot a pu blesser quelques oreilles, je le regrette", avoue Thierry Demaizière. puremedias.com vous propose de revoir le reportage consacré à Gareth Thomas hier dans "Sept à huit", et la question sur les "pulsions" à 3'35.