Une nomination qui ne passe pas. Dans un communiqué interne publié lundi 23 mai, que puremedias.com s'est procuré, la Société des journalistes (SDJ) de France Culture a fait part de sa "stupéfaction". En cause, la nomination "sans consultation" "au service culture, médias et numérique" de la radio publique d'une journaliste étant aussi la "conjointe du directeur de la rédaction" de France Culture, Arnaud Bousquet. Celle-ci est actuellement journaliste à France Bleu Nord, autre entreprise de Radio France.
Reconnaissant que "les compétences de cette journaliste ne sont absolument pas en cause", la SDJ estime cependant que les modalités de son recrutement choquent "de façon unanime les journalistes de la rédaction". "Elles s'apparentent à un conflit d'intérêts et risquent d'introduire un climat délétère", met-elle en garde.
Les représentants de la rédaction de France Culture se demandent s'il "n'existait pas d'autres possibilités dans l'ensemble des rédactions parisiennes et directions transversales" du groupe public, "qui éviteraient une situation à maints égards problématiques". Et de demander "à la direction des Ressources humaines de trouver de façon urgente d'autres solutions" "pour préserver la sérénité" et "la bonne marche éditoriale du service concerné comme de l'ensemble de la rédaction France Culture".
La SDJ a adressé son texte de protestation à la PDG de Radio France Sibyle Veil, au directeur de l'information et des sports, Vincent Giret, aux Ressources humaines et à Arnaud Bousquet lui-même.
La direction de Radio France a tenu à leur répondre dans un communiqué signé par plusieurs cadres du groupe dont Vincent Giret, Jean-Philippe Baille (directeur de la radio France Info), Estelle Cognacq (directrice de la rédaction de France Info), ou encore Nathalie Iannetta (directrice des sports à Radio France).
Elle a tenu à exprimer son "extrême préoccupation" face au texte de la SDJ de France Culture. "La violence des propos, les accusations graves et sans fondements, de même que les attaques ad hominem lancées ces derniers jours, en ciblant notamment le directeur de la rédaction et la DRH, n'ont pas leur place à Radio France", ont dénoncé les signataires du communiqué. Et de poursuivre : "Nous regrettons également fortement que les procédures élémentaires d'un dialogue normal et civilisé au sein d'une rédaction ou avec les personnes concernées n'aient pas été respectées par la SDJ".
Les membres de la direction de Radio France ont enfin estimé que "les questions et les échanges sont toujours légitimes", "dès lors qu'ils respectent les personnes, leur honnêteté et leur intégrité". "Nous appelons donc à la mesure, à la responsabilité et à la sérénité", ont-ils conclu.
Si la SDJ de France Culture est soutenue en interne par la CGT de Radio France, le syndicat FO Radio France, a, lui, pris ses distances face à "ce qui n'est pas une affaire" et "encore moins un scandale" selon lui. "La journaliste qui a été retenue avait les compétences requises (...) Les liens personnels ne doivent pas être des freins pour empêcher les nominations justifiées", a indiqué le syndicat dans une communiqué. Et de reprendre : "Insinuer que du côté des directions concernées (...) (qu')il y a eu favoritisme tout en reconnaissant que 'les compétences de cette journaliste ne sont pas absolument pas en cause' revient à faire un procès d'intention totalement inacceptable".
Ce mardi, une réunion a eu lieu entre Vincent Giret, la SDJ de France Culture et les syndicats de Radio France pour évoquer ce sujet. Arnaud Bousquet devrait pour sa part rencontrer la SDJ de France Culture demain.
Contactée par nos soins, la patronne de la station, Sandrine Treiner, n'a pas répondu. Egalement jointe, la communication de Radio France n'a pas souhaité faire de commentaires.