Même un dessin animé peut créer la polémique de nos jours. Dimanche, un téléspectateur s'est ému de ce que trois minutes de la série d'animation "Miraculous : Les aventures de Ladybug et Chat Noir", diffusée sur TF1, soient passées à la trappe. Exemple vidéo à l'appui sur Twitter, cet utilisateur anonyme a comparé la version diffusée sur la première chaîne contre celle diffusée à l'international.
La scène principale se déroule dans un bus parisien où Sabine Cheng, la mère de l'héroïne, est mise en difficulté par un contrôleur, alors qu'elle ne dispose d'aucun ticket. Et pour cause, c'est sa fille Marinette qui les a, elle qui est descendue quelques instants plus tôt pour faire une course. "Pas de titre de transport, ça fera 50 euros ! Vous réglez ça comment ?", lance le contrôleur à la fautive. Si TF1 a choisi de basculer vers la scène suivante à ce moment-là, dans le scénario original, l'action se poursuivait avec un contrôleur s'adressant de manière agressive à la mère de famille et remettant en doute sa bonne foi.
Deuxième scène coupée sur TF1 : le contrôleur et Sabine Cheng descendent du bus et vont en direction d'un policier. "Pas de ticket, pas d'argent, pas de papiers !", résume l'agent des transports. Une fois encore, l'action est stoppée à ce moment-là sur la chaîne française. Dans le script original, le policier reconnaît la mère de famille, dont les deux filles sont ensemble dans la même classe, mais fait pâle figure face au contrôleur. Le représentant des forces de l'ordre lui annonce donc qu'il va l'emmener avec elle au poste pour un contrôle d'identité. Et quand le téléphone de Sabine Cheng sonne, le contrôleur s'empare de son sac à main, qui tombe sur le sol, tandis que la victime crie à l'injustice.
Interpellé sur les scènes coupées, le créateur de "Miraculous", a donné sa vision des choses dans un long thread publié sur Twitter. "Les choses méritent d'être plus nuancées que beaucoup de ce qui va être dit", a prévenu Thomas Astruc hier en milieu d'après-midi. "Le but de cet épisode était de montrer les mécaniques qui peuvent conduire à une injustice", a-t-il rappelé.
Et de poursuivre sa réflexion en ces termes : "TF1 est légalement responsable du contenu diffusé. Donc, si pour quelque raison que ce soit, ils estiment que ça peut poser un problème, que l'histoire pourrait être mal comprise, que les institutions se sentent attaquées ou que cela puisse nuire à la confiance que tout enfant devrait légitimement avoir dans les institutions, ou, tout simplement, que cette histoire est trop complexe pour eux, bref, s'ils estiment finalement que ce qu'on a essayé de faire ne les a pas convaincus. Alors, même si ça me désole, je peux comprendre qu'ils coupent ce passage. Pas par autoritarisme, comme beaucoup le diront, mais par prudence".
Thomas Astruc a de nouveau défendu TF1 à la fin de son thread : "TF1, c'est pas CNews. Ils sont bien plus ouverts que ce qu'on imagine. Mais comme tout média en position dominante, tous les regards sont braqués sur eux à guetter le moindre faux-pas". Et le créateur d'ajouter : "Là, ils ont eu un doute, et concernant un programme pour enfant, le doute n'est pas permis".
Contactée par puremedias.com, TF1 n'a pas encore réagi.