Jean-Michel Aphatie est décidement sans langue de bois en cette rentrée marquée par son arrivée à Europe 1 où il va prendre en charge avec Maxime Switek, "Europe Midi", la tranche d'information de la mi-journée. Après avoir parlé sans fard de la fin du "Grand Journal" et de sa clause d'exclusivité avec la radio du groupe Lagardère, le journaliste s'exprime sur son bras de fer avec Mediapart, dont il critique régulièrement les méthodes depuis l'affaire Cahuzac.
"Quelles sont leurs preuves ? Je ne défends pas Jerôme Cahuzac, ce n'est pas le sujet. Je m'interroge sur cette pratique du journalisme. Mediapart affirme que Cahuzac a transféré son compte à Singapour. Et on est donc obligés de les croire ?", s'agacait au moment des premières révélations par le site celui qui était alors journaliste à RTL et Canal+. Deux ans et demi après les faits, et alors que l'ex-ministre a fini par reconnaître avoir eu des comptes à l'étranger, Jean-Michel Aphatie persiste et signe. Il n'apprécie pas les méthodes d'investigation du site dirigé par Edwy Plenel, qu'il qualifie de "journalisme voyou".
"Le journaliste n'est ni un justicier ni un juge d'instruction", s'agace ce week-end Jean-Michel Aphatie dans une interview à l'AFP. "L'enquête de Mediapart est à citer en contre-exemple dans les écoles de journalisme ! (...) Le journaliste d'aujourd'hui cache ses caméras, s'affranchit de toutes règles, ce que même la police ne fait pas. Il planque, et hop, tout est public. Est-ce que tout est bon au nom de l'information ? Peut-on espionner, cambrioler, cacher un micro sous la table ?", déclare celui qui précise par ailleurs avoir toujours voté blanc depuis 1988, même au deuxième tour de l'élection présidentielle de 2002.
"Pourquoi devait-on croire Mediapart ? Le journalisme, c'est prouver ce qu'on avance, ce qu'ils ne faisaient pas. On a demandé à Cahuzac de prouver qu'il était innocent, comme dans les sociétés totalitaires. Mediapart a demandé au procureur d'ouvrir une enquête, comme si les journalistes étaient des auxiliaires de justice, et c'est sur la base de cette enquête que Cahuzac a avoué", ajoute-il en indiquant que rétroactivement, même si les faits ont donné raison à Mediapart, il n'a pas de regret d'avoir publiquement émis des doutes.
Après avoir lu cette dépêche AFP, Edwy Plenel, le patron de Médiapart a dénoncé sur Twitter la "servitude" de son confrère.