Jean-Michel Aphatie victime collatérale de l'affaire Cahuzac ? Depuis la révélation de l'affaire sur Médiapart, en décembre dernier, le journaliste de RTL a régulièrement mis en cause l'enquête sur Jérôme Cahuzac du site d'information dirigé par Edwy Plenel. Sur son compte Twitter, il écrivait, par exemple, en mars dernier : "Trois mois après l'enquête de Mediapart, nous ne savons toujours pas si #Cahuzac a eu un compte en Suisse. C'est dire si l'enquête est bonne." De nombreux messages qui ont été repris par les internautes à chaque rebondissement de l'affaire. Ils ont été compilés depuis les aveux de l'ancien ministre du Budget hier après-midi.
Alors que le Premier ministre en personne, a salué, sur France 2, l'indépendance de Médiapart, Jean-Michel Aphatie est sommé de justifier ses réticences. Hier soir, sur le plateau du "Grand Journal", dont il est le chroniqueur politique, le journaliste a dénoncé l'attitude de l'ancien ministre qui a menti aux Français, aux députés et au président de la République.
"Dans un pays qui n'a pas confiance en lui, si l'on voit, à l'Assemblée Nationale, dans ce qui est le coeur de la démocratie, un ministre mentir comme ça aux élus... C'est une crise morale terrible qui rejaillit sur le gouvernement. Evidemment, Jean-Marc Ayrault devra dire pourquoi, en trois mois, il a manqué à ce point de vigilance. L'Etat a les moyens sans doute de mener quelques investigations, de faire quelques vérifications qui n'ont pas été faites", a déclaré, le ton grave, le journaliste de RTL. Qui n'a cependant pas dit un mot sur ses propres réticences.
Interrogé mardi après-midi sur le sujet par le site Télérama.fr, Jean-Michel Aphatie a estimé que sa crédibilité journalistique n'était "absolument pas remise en cause". "Depuis le début, je demande à Edwy Plenel s'il a des preuves dans cette affaire. Il me répond que oui. Pourquoi ne les publie-t-il pas, alors ? C'est ce que j'ai toujours demandé", a-t-il indiqué en précisant n'avoir "rien contre Mediapart". "C'est vrai, je suis le seul kamikaze à m'être interrogé sur le travail de Mediapart, dont l'enquête publiée le 4 décembre était selon moi inaboutie", a-t-il poursuivi. Edwy Plenel et Jean-Michel Aphatie s'étaient vivement écharpés à ce sujet sur le plateau du "Grand Journal" en janvier dernier.
"C'est logique que tout le monde me tombe dessus maintenant", reconnaît le journaliste qui a même rendu hommage à Médiapart ce matin sur son blog : "Le site d'informations présidé par Edwy Plenel, triomphe. Il a parlé le premier du compte en Suisse. La justice et l'aveu lui donnent raison. Il faut rendre cet hommage à Médiapart d'avoir fait triompher la vérité sur le mensonge, ce qui est un grand service rendu à la démocratie. (...) Médiapart sera dans le paysage de l'information une référence et une force à qui le premier ministre lui-même a rendu hommage."