Edito. Tout a été dit et bien écrit sur la séquence homophobe et ignoble diffusée dans "Touche pas à mon poste" jeudi dernier. Inutile d'en rajouter. Mais une question se pose : qu'attend le CSA pour intervenir ? Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, censé exercer un pouvoir de contrôle sur ce qui est diffusé à la télévision et à la radio, n'a toujours pas bougé. Sa seule réaction a été pour l'instant d'enregistrer des milliers de "signalements" et de les relayer sur son compte Twitter. Un peu maigre vu l'urgence de la situation.
A quoi sert le CSA, administration publique et indépendante ? Beaucoup de téléspectateurs se le demandent et ne savent toujours pas quelles sont ses missions précises. Elles sont nombreuses - et très utiles, c'est vrai. Mais enfermé dans ses procédures lourdes et archaïques, le CSA est une nouvelle fois paralysé. Il a pourtant déjà utilisé tous les avertissements à sa disposition à l'encontre de "Touche pas à mon poste" : la mise en garde, la mise en demeure. La prochaine étape est la sanction. Demain, après demain ? Dans plusieurs mois sans doute. Car depuis 2013, le CSA ne peut pas instruire et juger. C'est un rapporteur indépendant, s'il est saisi, qui en a le pouvoir. Ce rapporteur n'a toujours pas rendu son rapport sur une autre séquence de TPMP, celle où Matthieu Delormeau est piégé par une caméra cachée morbide. C'était en novembre dernier... Ou quand la lenteur administrative s'entrechoque avec l'urgence médiatique.
Il y a plus réactif que notre bon vieux CSA : les annonceurs publicitaires. Eux ont déjà annoncé sans se concerter leur intention de sortir des écrans de "Touche pas à mon poste". Cette affaire montre qu'une réforme du CSA s'impose, pour lui donner le pouvoir de sanctionner sans attendre. Cette séquence homophobe diffusée à une heure tardive sur C8 n'est pas seulement contraire au respect de "la dignité de la personne humaine dans les médias audiovisuels" (l'une des missions du CSA, c'est écrit sur son site web), elle peut être punie par la loi. Comme le racisme. Rien n'empêche aujourd'hui le CSA de se prononcer non pas sur le fond, mais sur la forme, sur les valeurs qu'il défend, celles de la République. Il tient là une occasion inespérée de montrer aux téléspectateurs son utilité et sa modernité, de demander au législateur les pouvoirs qui lui manquent cruellement. A lui de jouer.