L'affaire Mennel continue de faire des remous. Depuis que cette ex-candidate de "The Voice" a décidé de quitter le concours de chant de TF1 suite à la polémique suscitée par ses propos complotistes sur les réseaux sociaux, une grande partie de la classe politique a été invitée à commenter le sujet. De son côté, Mennel s'est faite discrète, brisant simplement le silence hier pour annoncer, sur les réseaux sociaux, qu'elle est en train de préparer son premier album.
Ce matin, alors que la polémique est désormais en train de retomber, Christiane Taubira s'est fendue d'une longue lettre ouverte adressée à la jeune chanteuse et publiée sur Facebook. En préambule, l'ex-garde des Sceaux assure qu'elle découvre seulement le sujet maintenant, "du fait de déplacements successifs hors de France". "Je pourrais en rire et railler, voilà, dès que je m'éloigne, ce pays s'égare" ironise-t-elle avant de reprendre d'un ton plus sérieux que "cette histoire ne (lui) donne guère envie de plaisanter".
L'ancienne ministre de la Justice rend ensuite un vibrant hommage à la chanteuse et à sa voix "imbibée d'émotion et de chaleur" mais également à Leonard Cohen, interprète de "Hallelujah", la chanson reprise par Mennel lors des auditions à l'aveugle de "The Voice". "Que vous, si jeune, rendiez un tel hommage à cet immense poète (...) donne envie de renouer avec un optimisme d'essence et d'existence" écrit l'ex-ministre de François Hollande. Après une longue éloge du chanteur, celle-ci décide de revenir plus longuement à la polémique, qualifiée d'"hystérie".
"On vous reproche votre 'turban', disent-ils. Il vous sied délicieusement (...). Ils vous reprochent de chanter en arabe... incultes, ils ne savent pas finir la phrase : en arabe la chanson d'un Juif magnifique" lance-t-elle, louant une "somptueuse audace". "On vous reproche des tweets passés" poursuit-elle ensuite, concédant que les "références intellectuelles" invoquées par Mennel sur les réseaux sociaux étaient "loin d'être recommandables", les qualifiant même d'"indigentes et lamentables". "Le souci, c'est la fascination qu'ils parviennent à exercer sur les jeunes esprits, même brillants" regrette-t-elle.
"Vous vous êtes excusée et vous avez bien fait. N'en ayez surtout aucun regret, c'est votre hauteur" balaie ensuite Christiane Taubira. "Tant pis si les fâcheux eurent le dernier mot sur les pusillanimes et les commerciaux (...) Le dernier, c'est vous qui l'aurez si vous décidez qu'il vous revient de tracer vous-même votre chemin de vie" écrit-elle ensuite. "Vos excuses sont la marque de votre dignité. Elles ne doivent pas vous exonérer d'une vigilance sur la sensibilité des autres, sur les plaies qui ne referment pas, sur ces cicatrices qui saignent et saigneront encore" poursuit-elle après avoir invité Mennel à penser aux familles des victimes.
L'ex-garde des Sceaux conclut son plaidoyer en citant le philosophe Emmanuel Levinas et louant la France, "pays où l'on est capable de se déchirer pour l'honneur d'un capitaine juif, le capitaine Dreyfus". Christine Taubira écrit ensuite qu'elle refuse de croire que ce temps est révolu et que "l'intélorance règne sans partage". "La France reste une terre de passion et de générosité (...) une béance du monde d'où surgissent, toujours vives des querelles et des fureurs qui n'ont jamais su dissoudre ses ardeurs fraternelles. C'est bien là qu'il faut vivre" lance l'ex-ministre avant d'exhorter Mennel à ne "pas se faire voler (son) pays".