André Manoukian a pris du galon sur France Inter. En plus de sa chronique musicale matinale, il remplace depuis lundi Frédéric Lopez aux manettes de "On va tous y passer", l'émission humoristique de la fin de matinée (11h00-12h30). puremedias.com a donc rencontré la "nouvelle star" de la radio publique.
Propos recueillis par Benoît DaragonQuand avez-vous appris que vous alliez désormais remplacer Frédéric Lopez dans "On va tous y passer" ?
Fin décembre ! En fait, j'avais remplacé plusieurs fois Frédéric Lopez quand il avait dû s'absenter pour partir en terre inconnue. La première fois, c'était un artiste différent par jour. J'avais trouvé l'exercice marrant. C'était assez jouissif de dire : "France Inter il est midi, voici le journal présenté par Laetitia Gayet !" (rires) La deuxième fois qu'il est parti, la direction m'a proposé de le remplacer quatre ou cinq fois. Il n'y avait aucun enjeu et si ça partait en couille, ce n'était pas bien grave ! Et le mois dernier, la direction m'a proposé de le remplacer jusqu'à la fin de la saison. Et Frédéric Lopez était content de l'idée car je m'entends bien avec lui !
Et vous avez donc accepté !
Oui, car je connais l'équipe, tant les chroniqueurs que les personnes qui la préparent. Le rythme de l'émission m'est aussi familier. Mais bon, je commençais seulement à me faire à mon rythme avec ma nouvelle chronique matinale... Ca n'a l'air de rien mais c'est trois heures d'écriture pour que le style paraisse aussi fluide que du Céline ou qu'un article de Garrigos et Roberts (les journalistes médias de Libération, ndlr). Pour la première, j'avais mis 6 heures pour 4 minutes d'antenne ! Donc pile au moment où je prenais mes marques, on m'a donné un nouveau challenge. J'étais flatté mais j'avais un peu le trac.
C'est un nouveau métier, l'animation ?
Je n'a jamais été animateur. La preuve : je pose des questions qui durent deux minutes ! (rires) La radio c'est un peu comme l'escalade en montagne : vous êtes seul au dessus du vide. Mais Lopez a fait une trame qui me rassure, avec une mécanique qui change toutes les trois minutes. Ca fonctionne, c'est bien huilé. Ce petit côté théâtral, en public, avec une voix de bateleur : ça me rappelle la scène ! Une fois que je serai bien à l'aise, je la modèlerai à ma manière. J'ai juste ajouté un petit portrait de l'invité au piano, mais ce petit moment d'intimité ne sera pas systématique. Je vais essayer d'apporter mon côté rêveur, mi-poète, mi-barré !
Comment les chroniqueurs ont vu l'un des leurs être promu chef ?
Ils l'ont appris au dernier moment car on ne voulait pas que l'information sorte alors que France Inter diffusait des best-of de l'émission. Mais dès qu'ils l'ont su, j'ai reçu plein de SMS sympathiques. Et Daniel Morin, qui est le vrai pilier de cette case, puisqu'il était déjà présent avec Stéphane Bern, avait l'air content. "C'est génial, on va se marrer", m'a-t-il dit !
Vous avez monté à une vitesse record les échelons à France Inter, avant de devenir aujourd'hui une des voix les plus importantes de la station.
Je vous rassure, je ne suis pas candidat pour la case de minuit ! Tout ça, je le dois beaucoup à Isabelle Giordano. Un jour où j'étais l'invité musical des "Affranchis", elle m'a demandé de m'asseoir à la table pour poser des questions à Julien Clerc, invité principal du jour. Et comme ça s'est bien passé, elle m'a proposé de revenir la semaine suivante. Et ça n'a pas été simple pour elle de m'imposer car beaucoup de gens ici trouvaient que j'avais une image trop M6... Une fois ce pas franchi, les gens ont vu que ça collait. Il y a eu mon émission cet été, "La vérité est dans le jukebox" où je parlais de mes délires musicaux. Puis je suis arrivé le matin, où j'ai l'impression que la greffe a pris rapidement. Je dois aussi cela à Didier Varrod, le patron de la musique ici, que je connais depuis longtemps puisqu'il a écrit la première biographie de Liane Foly. Mais oui c'est allé vite. C'est un peu ma trouille d'ailleurs... C'est pour ça que je bosse comme un malade mental !
Vous avez le temps de lire vos SMS depuis lundi ?
Hier soir, j'ai répondu à mes SMS après avoir fini d'écrire ma chronique, vers 22h... Mais Lopez a raison, c'est très prenant... Et il en fait beaucoup plus que moi car participer à "Nouvelle Star" chaque semaine prend moins de temps que d'animer pendant tout un week-end "La Parenthèse inattendue" !
Il vous reste du temps pour faire de la musique ?
Oui, je suis obligé sinon je crève ! Dès que je serai plus à l'aise avec la mécanique de l'émission, et avec mon agenda, je vais m'organiser le week-end. Et comme je commence tôt le matin, je finis relativement tôt.
Et donc Cyril Hanouna est devenu votre concurrent !
Ah oui putain, j'y ai pensé après ça (rires) ! Après, je ne pense pas qu'on parle de Gilles Deleuze au même moment ! Enfin, s'il le fait sur Europe 1, je m'engage à décrypter "Les Sardines" façon Jankélévitch sur France Inter ! Tu vas voir qu'il va le faire ce con... (rires)
La pression est forte à cette heure-là. Et les audiences ne sont pas exceptionnelles pour votre case. Une pression supplémentaire ?
Ce qu'il y a de bien ici, c'est que les audiences sont évidemment un enjeu mais pas une dictature. Jean-Luc Hees dit "aimer quand les sondages sont bons" mais ça fait partie de la culture maison de regarder aussi le fond des programmes. Les gens de télévision utilisent un gros mot pour parler de culture : ils disent que c'est segmentant. La pression de l'audimat les pousse à prendre la ménagère pour une idiote. Mais pas sur France Inter.
Un mot de "Nouvelle Star", les candidats de cette dixième saison vous plaisent ?
Oui ! Certains sont juste excellentissimes. Je suis triste du départ de Julie, qui était l'une des meilleures... C'est fou... Je ne suis pas sûr que beaucoup de gens votent en proportion du nombre de téléspectateurs... Après deux semaines plus calmes, je pense que l'émission va reprendre du poil de le bête car on va voir les vrais patrons.
Vous prenez toujours autant de plaisir à y aller ?
Oui, vraiment ! Les performances de ces gosses qui, il y a trois semaines, chantaient dans leur salle de bain, c'est fou ! Les voir se transformer comme ça, en direct... On voit ceux qui arrivent à ne pas se faire manger par la machine. De toutes façons, je serai là à la mort de l'émission. C'est moi qui jouerai au violon la Marche funèbre ! (rires)