Dès ce week-end, l'émission politique de Canal change d'horaire. En raison de l'arrivée de la Formule 1 à l'antenne, "Dimanche+" passe de 14h25 à 11h55. Une bonne nouvelle pour Anne-Sophie Lapix qui l'incarne, cet horaire étant plus propice à la politique selon elle. Entretien.
Propos recueillis par Julien Bellver
puremedias.com : A cause (ou grâce) à la Formule 1, "Dimanche +" est avancé dès dimanche, juste avant midi. C'est une bonne nouvelle pour le magazine ?
Anne-Sophie Lapix : C'est une excellente nouvelle pour l'émission ! Quand on a appris que la F1 arrivait sur Canal, on s'est dit "soit on a beaucoup de vacances et on ne nous aime pas beaucoup, soit on nous sauve et on nous préserve". C'est ce choix qu'a fait Canal, en gardant toutes les émissions jusqu'à la fin de l'année. 11h55, c'est un très bon horaire, merci la F1 ! On va partir de quasiment zéro en audience mais c'est un horaire beaucoup plus approprié à la politique. De fait, depuis le début de l'année, il n'y pas eu un seul invité qui ne s'est pas plaint de l'horaire tardif.
Le précédent horaire avait-il déboussolé les fidèles de l'émission ?
Canal+ pensait, en nous plaçant derrière le best-of des "Guignols" qui réalise une bonne audience, que nous allions en bénéficier comme d'une locomotive. Donc ce n'était pas une punition de nous placer à cette heure. La chaîne était plutôt contente des scores réalisés depuis le début de l'année. On préfère être au début de l'ouverture du clair, qui nous permet de gagner des téléspectateurs tout au long de l'émission, ce qui n'était pas le cas à 14h25.
Cette saison, "Dimanche+" affiche une moyenne de 700.000 téléspectateurs pour 5% de PDA. Vous espérez gagner combien grâce à cette nouvelle programmation ?
Actuellement, l'audience à cette heure est entre 1,7 et 2,3% de PDA. Nous espérons aller bien au-delà. Mais on ne sait pas, on se lance, c'est une nouvelle aventure.
A cette occasion, vous allez un peu modifier la formule...
Dès le début de l'émission, Victor Robert fera un point sur l'actu avec nous en duplex, avant de dérouler son journal plus tard. Ce qui me permettra notamment de faire réagir l'invité. Sur le reste du conducteur, il n'y a pas de séquences nouvelles mais l'émission sera aménagée différemment. L'actu sera privilégiée dans la foulée du journal. Puis une deuxième partie plus sur le fond des dossiers.
Hors période électorale, l'actualité politique reste-t-elle aussi excitante ? Pour la journaliste, et pour le téléspectateur ?
L'année d'après est toujours difficile. Mais nous avons été gâtés, c'est la mise en application ou pas des promesses de François Hollande, c'est l'année de la crise de l'UMP qui a suscité beaucoup d'intérêt. Il y a beaucoup de rebondissements, moi je ne me suis pas ennuyée. Cette question, Canal se l'était posée bien avant, en 2011, pour savoir si on continuait une émission politique en 2012/2013. Et Rodolphe Belmer, qui a fait ce choix, en est ravi. On est déjà sur les municipales, dans la guerre de Paris. Pour moi, la matière reste extrêmement riche.
Et pour le téléspectateur ?
Cette année, on a voulu faire une émission de spécialistes. Plus de décryptages, moins de réactions et de politique politicienne. Et j'ai l'impression que cela les intéresse toujours, il n'y a pas de désaffection. Les Français subissent au quotidien la nouveauté, les nouvelles mesures, c'est très concernant. Quand on regarde une émission politique sur Canal, on s'attend à un décryptage politique particulier.
Votre ancienne vie, c'était la présentation des JT. Vous considérez-vous désormais comme une journaliste politique ?
C'est ma cinquième année, je me sens bien dans cette émission. Je préfère l'interview politique à la présentation des journaux, ce que j'ai fait pendant dix ans. Le journal ne me manque pas le moins du monde. Après, je ne me considère pas, au sens strict, comme une journaliste politique. Mais comme une intervieweuse politique. Ce n'est pas la même chose, je n'ai jamais suivi les partis, les hommes politiques, je ne fais que les recevoir sur mon plateau. Ce qui me donne une place privilégiée, car je n'ai pas à dialoguer ou à négocier quoi que ce soit avec eux.
Nicolas Sarkozy représentait une excellente matière pour les émissions comme la vôtre. Vous n'êtes pas un peu nostalgique ?
La matière est différente mais le gouvernement nous offre beaucoup de matière ! Il y a des hésitations, des débats intenses au sein même de la gauche, il y a la reconstruction à droite. Et en plus, Nicolas Sarkozy est toujours là...
Mais on se marre moins avec le nouveau président, non ?
Différemment... Mais on ne se marrait pas toujours avec Nicolas Sarkozy ! On a un problème à droite, on a moins d'interlocuteurs qu'avant. Mais à gauche, on a ce qu'il nous faut.
En 2012, on a beaucoup parlé de vous et de l'émission, grâce à votre face à face avec Marine Le Pen. Avec le recul, vous lui dites merci ?
On me parle toujours de cette émission. C'est toujours bien qu'une interview marque les esprits. Marine Le Pen est un personnage particulier sur la scène politique, c'est pour cette raison qu'on en a beaucoup parlé. Il n'y aurait peut-être pas eu le même rententissement avec quelqu'un d'autre. J'ai l'impression que cette émission a servi l'émission et m'a servi aussi. Mais je ne lui dis pas merci, ce n'était pas volontaire !
Vous aimez la tension dans l'entretien politique ?
Oui, c'est d'abord intéressant pour le téléspectateur. Et surtout, c'est important pour obtenir des réponses. Je pense que c'est aussi mieux pour l'invité. Une interview sans tension, tout le monde s'ennuie. Il faut que ça aille vite, que ça cogne un peu, c'est bien pour tout le monde.
Des invités refusent de venir ?
Il y en a deux, je ne vais pas les citer car je laisse une porte ouverte !
A Canal+, êtes vous candidate à autre chose qu'à la politique ?
Non.
La politique ailleurs que le dimanche ?
Pourquoi pas ! Mais je suis très attachée à cette émission, c'est quasi viscéral. C'est vraiment dans cet exercice que je me plais le plus.
La saison passée, vous avez été sollicitée par France 3 pour animer "Le monde d'après", incarné par Franz-Olivier Giesbert aujourd'hui. L'émission est exigeante mais elle a une audience confidentielle. J'imagine que vous ne regrettez pas d'avoir décliné...
Je ne regrette pas, mais cela n'a rien à voir avec l'émission. A l'époque, quand j'avais des contacts avec d'autres chaînes, je ne savais pas ce qu'allait devenir "Dimanche+".