Elections
Arlette Chabot : "Les journalistes aiment surfer aux côtés du vainqueur annoncé. C'est lamentable."
Publié le 28 avril 2012 à 15:02
Par Kevin Boucher | Rédacteur
A la tête de l'information sur Europe 1, Arlette Chabot reproche à ses confrères un traitement trop favorable à François Hollande. Elle trouve même certains comportements "lamentables".
Arlette Chabot Arlette Chabot© Abaca
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Arlette Chabot n'a pas sa langue dans sa poche. Alors que François Hollande et Nicolas Sarkozy s'affronteront lors du second tour de l'élection présidentielle le 6 mai prochain, la directrice de l'information d'Europe 1 reproche le traitement trop favorable au candidat socialiste de la part des journalistes. "Aiguillonnés par les sondages, comme en 2007, les journalistes ont tendance à brûler les étapes. Ils ont pour ainsi dire entériné avant l'heure cette présidentielle et ils sont déjà sur les législatives" explique-t-elle à L'Express.

"Les journalistes aiment surfer aux côtés du vainqueur annoncé. C'est lamentable."

"Il y cinq ans, en 2007, à la même date, ils spéculaient sur le nom du futur Premier ministre de Nicolas Sarkozy. Aujourd'hui, c'est sur celui de François Hollande. On devrait pourtant se souvenir de 2002 quand toute la profession, qui avait déjà renvoyé Chirac dans ses foyers, n'avait d'yeux que pour Lionel Jospin. Et on s'est bien ramassé" rappelle Arlette Chabot dans les colonnes de l'hebdomadaire.

Mais la journaliste ne s'arrête pas là et reproche à certains confrères de ne se rallier qu'au favori, que ce soit pour Nicolas Sarkozy il y a cinq ans ou François Hollande aujourd'hui. "J'ai vu, dès janvier 2007, éclore des sarkozystes en herbe. Et je vois aujourd'hui des convertis de la dernière heure rouler comme un seul homme pour François Hollande. C'est lamentable. Les journalistes anticipent et aiment surfer aux côtés du vainqueur annoncé" lance-t-elle.

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"François Hollande prend les mêmes résolutions qu'avait prises Nicolas Sarkozy en 2007"

Enfin, celle qui s'était déjà emporté il y a quelques semaines sur la "réglementation antidémocratique" du temps de parole qui l'empêchait de "faire (son) boulot" craint que les promesses de François Hollande quant à ses interventions dans les médias en cas d'élection s'envolent dès le 6 mai. "Souvenons-nous des relations idylliques entre Sarkozy et les journalistes, qui n'ont cessé de se dégrader au fil des mois" explique Arlette Chabot.

"Aujourd'hui, Hollande entretient des relations divines avec une presse qu'il connait très, très, bien et qu'il soigne. Qu'en sera-t-il dans 3 ou 6 mois, s'il est élu, aux premiers mauvais papiers ? Je vois que François Hollande prend aujourd'hui les mêmes bonnes résolutions qu'avait prises Nicolas Sarkozy en 2007 et qu'il n'a jamais respectées: 'Marre des émissions figées à la Chirac', disait-il, 'J'irai sur les plateaux de télés et multiplierai les conférences de presse'. Or rien de tout cela n'a eu lieu" conclut-elle.

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