La fin d'une aberration ? Hier, les sénateurs ont adopté le projet de loi sur l'indépendance de l'audiovisuel public. Outre le très discuté "amendement LCI" et la confirmation du maintien de la publicité en journée sur les antennes de France Télévisions, le texte confirme le retour à l'ancien mode de désignation des présidents de l'audiovisuel public. Conformément à la promesse de campagne de François Hollande, c'est de nouveau le CSA (dont les membres ne seront plus que 7), et non plus le président de la République en personne, qui nommera les dirigeants de Radio France, France Télévisions et de France Médias Monde.
Nouveauté par rapport au système qui était en cours avant la réforme contestée voulue par Nicolas Sarkozy : le choix des Sages du CSA devra désormais être validé par une large majorité (les trois cinquièmes) des membres des commissions des affaires culturelles du Sénat et de l'Assemblée Nationale. L'opposition aura donc son mot à dire, mettant ainsi fin aux parachutages trop politiques à la tête des trois entreprises.
Mais le Sénat a également modifié hier le calendrier de nomination. Les sénateurs ont voté un amendement prévoyant le "tuilage" des dirigeants. Ce mot fait référence à une "technique de chant consistant à accompagner sur ses dernières paroles le chanteur qui précède, afin d'éviter toute interruption". Adapté aux dirigeants de l'audiovisuel, ce "tuilage" va créer une période de transition à la tête des entreprises. En effet, la loi prévoit désormais que la désignation des nouveaux présidents puisse intervenir "entre trois et quatre mois avant la fin du mandat en cours".
Cette mesure est en pratique très importante puisque le président de Radio France commence son mandat mi-mai et celui de France Télévisions fin août. Jusqu'à présent, les nouveaux dirigeants ne pouvaient influencer qu'à la marge la grille de programme de la première de leur cinq années de mandat. Un manque total d'efficacité qui était dénoncé à chaque changement de patron...
Ainsi, dans ce nouveau calendrier, le futur patron de France Télévisions sera nommé entre le 23 avril et le 23 mai 2015, pour une prise de fonction le 23 août 2015. Un laps de temps qui lui permettra de bien mieux préparer la rentrée des chaînes de son groupe.
En raison des courts délais (malgré la procédure "d'urgence", la loi ne sera adoptée définitivement qu'en fin de l'année), une exception a été faite pour la prochaine élection du patron de Radio France. Le mandat de Jean-Luc Hees arrive à échéance le 11 mai 2014 et le CSA ne sera pas prêt pour décider de son sort entre le 11 janvier et le 11 février 2014. Du coup, les sénateurs ont exceptionnellement prévu une procédure plus courte. Le prochain patron de Radio France sera désigné au plus tôt deux mois avant le terme du mandat, soit le 11 mars prochain.
La campagne pour la présidence de Radio France va donc entrer dans sa phase active. Jean-Luc Hees n'a encore rien officialisé de ses intentions mais il devrait postuler pour un deuxième mandat. En coulisses, ils sont très nombreux à faire du lobbying pour le remplacer.