Chaque semaine, retrouvez "Médias le mag, l'interview", en partenariat avec France 5. Julien Bellver, co-rédacteur en chef de puremedias.com et chroniqueur dans "Médias le mag" le dimanche à 12h35 interroge une personnalité des médias toutes les semaines. Pour ce 30e numéro, Julien Bellver reçoit Audrey Crespo-Mara, journaliste sur LCI et joker d'Anne-Claire Coudray sur TF1.
LCI a basculé sur la TNT gratuite mardi. Cela a changé quoi pour vous ?
Concrètement, sur les programmes, sur les journaux qu'on fait, sur les invités qu'on reçoit, pas grand-chose. En revanche, c'est vrai que le jour de passage en gratuit on était tous très excités et depuis on est galvanisé.
Il y a plus de pression qu'avant ?
Il n'y a pas vraiment plus de pression, ça reste assez virtuel malgré tout. Après, on se bat chacun d'entre nous pour avoir les meilleurs invités qui soit. J'ai reçu Michel Onfray le jour du passage en gratuit, Guillaume Musso, Marc Lévy, Hubert Reeves, Ary Abittan... On essaie d'avoir les meilleurs invités.
L'excitation de mardi dernier est toujours perceptible ou le quotidien a repris ses droits ?
Le jour J, on est tous très excités, puis on reprend le rythme.
Le nouveau slogan de la chaîne, c'est "Bien informer, c'est analyser le monde, en commençant par le vôtre". Il pourrait très bien aller à iTELE ou BFMTV non ?
On met vraiment le téléspectateur au coeur de notre info. Vous avez des programmes qui sont très concernants, avec la consommation dans l'émission de Valérie Expert, un petit journal pour les enfants, l'actualité racontée aux enfants présentée par Benjamin Cruard. On parle aussi de santé. Au-delà du politique, de l'économie, de l'international, c'est avoir des thématiques qui concernent les gens et leur vie quotidienne.
Qu'est-ce que LCI apporte de plus aux téléspectateurs ?
LCI, déjà, c'est la chaîne pionnière qui existe depuis plus de 20 ans. On sait faire, et on fait différent. Ce que je viens de vous expliquer, mais aussi l'analyse, avoir Michel Onfray, un philosophe, pendant plus de 20 minutes pour parler des attentats, de l'islam, l'actualité...
Des interviews au long cours... Vous allez justement ce week-end réaliser une interview de Nicolas Hulot, chez lui en Bretagne.
Voilà, je vais l'interviewer chez lui, en Bretagne. J'aime aller à l'envers du décor. Derrière l'homme ou la femme publique, essayer d'en savoir plus sur l'individu. Au moment où Emmanuel Macron lance son mouvement, quid de Nicolas Hulot ?
Vous pensez qu'il va annoncer sa candidature à la présidentielle ?
Je ferai tout pour qu'il dise quelque chose ! (Rires) Bien évidemment, c'est la question qu'on se pose.
Il est rare dans les médias, encore plus quand il faut inviter les médias chez lui...
Il est rare, c'est vrai. J'ai déjà fait une émission avec lui, donc la confiance est établie. Après, chez lui, c'est lui qui l'a proposé et ça me semble plus intéressant d'être chez lui. Je serai sur son terrain, donc la difficulté sera de lui faire dire quelque chose au-delà des thèmes qui lui sont chers comme la biodiversité, l'Amazonie, etc. Que sur la politique, il aille un peu plus loin.
Vous n'aviez pas la pression de l'audience avant sur LCI. Ca va changer ?
La pression de l'audience, je l'ai découverte avec TF1 cet été. Disons qu'on relève la tête, on a passé des années très douloureuses sur LCI. On est extrêmement motivé pour bien faire, pour gagner du terrain, mais ça prendra du temps.
Le 17 juillet 2015, c'était votre premier JT sur TF1. Vous êtes passée d'une sous-exposition sur LCI à une surexposition sur TF1. Ca donne le vertige ?
Pas du tout. C'est un métier qui me passionne, c'est ma vie. Je le fais avec beaucoup d'heures passées à préparer mes interviews...
Ce n'est pas plus de pression ?
Non, ma soif de préparer mes interviews, c'est la même sur LCI ou TF1, très sincèrement.
Anne-Claire Coudray, nouvelle titulaire du JT le WE, fait un peu mieux que Claire Chazal en audience. Pourquoi, selon vous ? Elle était usée Chazal ?
Ce sont des décisions de la direction de la chaîne, je ne vais pas les commenter !
Mais vous avez un regard, forcément, sur ce choix important qu'a fait TF1 de remplacer une journaliste qui était en poste depuis plus de 20 ans par quelqu'un d'un peu plus jeune. C'est du jeunisme ?
Je ne sais pas si c'est une question d'âge... Non... Jean-Pierre Pernaut tient le 13 Heures, il est absolument génial, il est je crois dans les mêmes âges que Claire... Donc je ne pense pas que ça soit une question de jeunisme.
En télé, c'est comme en politique, on a du mal à passer la main ? Faites attention, votre mari vous écoute...
(Rires) Je pense qu'on est tous habités par ce métier, on ne compte pas ses heures. C'est plus compliqué quand votre métier est votre passion de le lâcher. Il y a des gens qui, malheureusement, font les trois 8 à l'usine juste pour manger, et ne sont pas habités comme nous par leur métier.
Vous serez peut-être un jour titulaire du 20 Heures. Et donc amenée à interviewer François Hollande. Il sera face à David Pujadas et Léa Salamé la semaine prochaine. Si vous êtiez à leur place, quelle première question vous poseriez au président ?
Oh la la ! "Cinq ans, tout ça pour ça ?", peut-être ?
L'interview purement politique, cela vous tente ?
Ce qui m'intéresse, comme Nicolas Hulot, c'est l'envers du décor, d'arriver à choper l'homme ou la femme qu'on ne connaît pas, qui est derrière l'animal politique par son enfance, des choses plus intimes. Ca me semble plus intéressant.
Vous avez fait toute votre carrière dans le groupe TF1. LCI est réputée pour lancer de nombreux talents. Un poste va se libérer au 13 Heures de France 2, suite au départ d'Elise Lucet. Si on vous appelle, vous y allez ?
(Rires) On ne m'a pas appelée ! Si on m'appelle, j'écoute, mais je suis très attachée à TF1. Je réfléchirai, ça s'écoute toujours des propositions.
Devenir une star du 20 Heures, c'est accepter de devenir un people comme un autre ?
C'est très personnel. Ca dépend bien évidemment de la façon dont vous vivez. Chacun le gère différemment...
On vous a proposé des Unes de magazines ? Est-ce que vous avez décliné ? Quelle est votre position là-dessus ?
J'évite le people parce que j'adore mon mari, je l'aime à la folie évidemment, mais j'ai envie d'exister par moi-même. J'ai grandi à TF1, ça fait 16 ans que j'existe professionnellement par mon travail. Je n'ai pas envie qu'on me ramène à la "femme de", même si ça fait partie de ce que je suis.
Dans toutes vos interviews, on rappelle systématiquement que vous êtes la femme de Thierry Ardisson, ce n'est pas agaçant à la fin ?
C'est énervant quand on vous réduit à ça, ce qu'une certaine presse peut faire. Mais ça fait partie de mon identité, donc je l'accepte. Mais j'aime qu'on parle d'autre chose.
LCI va créer une tranche d'infotainment entre 19 et 20h. Vous êtes candidate pour l'animer ?
On ne m'en a pas parlé. Ca demande de la réflexion, je ne sais pas ce que je fais en septembre. En tous cas, quelles que soient les propositions qu'on me fasse, je prendrai le temps d'y réfléchir.