Pour écrire cet article, un journaliste a posé ses doigts sur les touches d'un clavier d'ordinateur. Est-ce que ce sera encore le cas demain ? Rien ne permet de l'assurer. Google développe en ce moment un outil basé sur l'intelligence artificielle, en collaboration avec des médias américains. Baptisée Genesis, cette technologie conçue par la maison mère du célèbre moteur de recherche n'a pas vocation à remplacer les journalistes, rassure une représentante du mastodonte numérique.
"Ces outils ne sont pas conçus pour – et ne peuvent pas – remplacer le rôle essentiel que jouent les journalistes en matière de récolte et de vérification de l'information, et de rédaction des articles", insiste Jenn Crider une porte-parole du géant du numérique auprès du média spécialisé "The Verge" . L'objectif de Genesis sera de "laisser le choix aux journalistes d'utiliser ces technologies de façon à améliorer leur travail et leur productivité". Elle confirme que le logiciel est "en phase d'exploration avec des éditeurs de presse, en particulier les plus petits".
Mais Google a pris les devants en sollicitant déjà des médias de grande envergure. Dans un article paru jeudi 21 juillet, le "New York Times" révèle avoir été contacté, via sa société mère News Corp. D'autres géants de l'information aux Etats-Unis tels que le "Washington Post" et le "Wall Street Journal" auraient aussi été approchés.
Ce logiciel basé sur l'IA peut rassembler des informations telles que des détails concernant un événement en cours, et en faire un article. L'outil pourrait également proposer de générer des contenus en plusieurs styles d'écriture. Google voit en cette innovation l'opportunité pour les journalistes d'être dotés d'un "assistant" technologique. De cette façon, ils pourraient économiser du temps à consacrer à d'autres tâches.
Répondant à certaines inquiétudes légitimes, Google estime que Genesis permettra de guider l'industrie du journalisme "vers une utilisation responsable de l'IA, évitant les écueils liés à la génération automatique de contenus", note le quotidien.
Les tests autour de ce nouvel outil surviennent au même moment où OpenAI, qui détient le logiciel ChatGPT, conclut de premiers partenariats avec des entreprises à la tête de médias. La semaine dernière, l'agence de presse Associated Press (AP) a souscrit à un partenariat de deux ans avec l'entreprise spécialisée dans l'intelligence artificielle pour lui donner l'accès à ses archives textuelles, révèle "Vanity Fair". De cette façon, OpenAI pourra s'inspirer du modèle de cet organe de presse mondialement reconnu pour former ses algorithmes. En échange, AP pourra bénéficier de la technologie de son nouveau partenaire.
Avec ce projet dans ses cartons, Google confirme que l'IA pourrait faire incursion dans la presse dans les années à venir. Une hypothèse qui fait trembler le milieu du journalisme. Selon un rapport sur l'état des médias publié en mai dernier par Gizmodo, un site d'information spécialisé sur les sujets liés aux nouvelles technologies, de nombreux journalistes s'inquiètent de devoir travailler avec l'IA. Parmi 3.100 journalistes issus de 17 pays interrogés, plus de la moitié (58%) ont déclaré être inquiets de "l'exactitude des informations", des "erreurs" potentielles et de la difficulté à discerner faits et opinions que pourraient entraîner l'utilisation d'une telle technologie.