Le format télé qui le fait le plus vibrer. En marge de la diffusion de la pièce "Bungalow 21", dont il est à l'origine, ce mardi 26 mars 2024 à 21h10 sur France 2, Benjamin Castaldi est revenu, au cours d'un entretien accordé à puremedias.com – cigarette au bec dans un café du VIe arrondissement de Paris – sur son appétence pour les jeux télévisés, dont il a longtemps été l'un des ambassadeurs sur TF1 avec "Un contre 100" (2007-2008) et "La roue de la fortune" (2012). À quelques mois du retour de "Secret Story", qu'il a présenté sur la Une, le célèbre animateur a évoqué sans détour la télé-réalité et ses codes dont il revendique fièrement la paternité mais aussi ses relations avec ses anciens employeurs, TF1 et M6 en tête.
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Propos recueillis par Ludovic Galtier Lloret
Le succès de "100% logique" a provoqué le retour en grâce du jeu en France. La Deux a remis ça avec "The Floor" et M6, qui avait délaissé le genre depuis 2007, a relancé "Le juste prix" le 11 mars dernier. Un format de jeu pourrait-il vous faire revenir à l'antenne ?
Benjamin Castaldi : Ah oui ! C'est mon genre préféré ! C'est, pour moi, la Rolls Royce des formats. Il y a le talk show et le jeu.
Vous avez présenté "Un contre 100" et "La roue de la fortune" sur TF1. Il semblerait que ce dernier jeu a le vent en poupe à l'international. Arthur ne vous a pas appelé pour l'animer en France ?
Non ! Mais si cela revenait, il ne le demanderait pas à moi. Il proposerait à Christophe (Dechavanne) ou je ne sais qui.
Pourquoi ? Vous sentez-vous mis à l'écart dans le PAF ?
Non, pas du tout ! Je ne suis pas très inquiet sur mon avenir. Nous ne sommes pas si nombreux à savoir présenter un jeu. À un moment donné, on reviendra à l'essentiel (rires)...
Et votre téléphone va sonner ?
Peut-être !
Avez-vous des infos que l'on n'a pas ?
Oui, mais je n'en donnerai pas (rires). Pour l'instant, côté animation, c'est le calme plat. Côté production, après cette interview, je vous quitterai pour aller proposer un jeu original à un producteur mais je pense que je n'y arriverai pas. Les chaînes n'ont pas envie de lancer un jeu original. Mais ce n'est pas grave, je continuerai à en créer.
"La France n'a malheureusement jamais été prescriptrice dans la création de jeux à la télévision"
M6 vient de relancer "Le juste prix". Cela peut-il donner des idées à d'autres chaînes ?
Ils se lancent avec "Le juste prix", super ! Quel risque ! Wahou !
Vous auriez refusé de présenter "Le juste prix" ?
Ce n'est pas mon truc. Je préfère la relation au suspense.
Quel est le jeu que vous avez préféré animer ?
"Un contre 100". J'ai adoré faire aussi "Qui peut battre Benjamin Castaldi ?" (animé par Denis Brogniart et Carole Rousseau en novembre 2008, ndlr), qui était avec le recul un beau succès mais "Un contre 100" était la Rolls. Le format en quotidienne était extraordinaire. J'en faisais 7 ou 8 par jour. La qualité de l'animateur sur ce genre de choses-là est d'être capable de livrer beaucoup d'émissions par jour sans pour autant imposer beaucoup de montage. C'est quasiment du tourné diffusé. Nagui, par exemple, est très bon là-dedans avec "N'oubliez pas les paroles !". Je crois qu'il ne coupe pas grand chose et moi, c'était pareil. On tournait 42 minutes pour en livrer 39.
En quoi est-ce excitant d'animer un jeu ?
C'est le genre qui offre le plus de liberté. En tant qu'animateur, on ne sait pas quel est le scénario. Il y a une relation avec le candidat, avec le suspense, avec le téléspectateur.
Quelle est votre analyse sur le retour d'anciennes marques de jeux à la télévision ?
La France n'a malheureusement jamais été prescriptrice dans la création de jeux. J'ai eu la chance, grâce à C8 et Cyril Hanouna, de lancer le format "Hold-up" en 2016. Mais de manière générale, les chaînes ont peur de lancer de nouveaux jeux, c'est culturel. Il y a très peu de jeux français qui ont été exportés. Simone Halberstadt Harari (Effervescence, société de production) a réussi son coup avec "Slam" et "Tout le monde veut prendre sa place", mais c'est un peu l'exception culturelle.
"Dans 50 ans, on se rappellera que la première émission de télé-réalité était présentée par Benjamin Castaldi"
"Secret Story", une autre marque historique de télé-réalité cette fois s'apprête à revenir à l'antenne. Avez-vous candidaté pour reprendre l'animation du programme ?
Non, je n'aurais jamais candidaté. Pour que les choses soient claires, c'est moi qui ai quitté l'émission et pas l'inverse. J'en avais assez du format et comme à l'époque, TF1 y allait en se bouchant le nez, je savais que ça allait se finir sur la TNT (l'émission s'est arrêtée sur NT1, ancien nom de TFX, en 2017, ndlr). Ce qui n'est pas dévalorisant mais faisait moins de ce format un événement. Je n'avais plus envie de faire "Secret Story" et je n'ai plus l'âge de faire ce genre de programmes. Les candidats pourraient être mes enfants.
La télé-réalité, c'est donc définitivement terminé pour vous ?
Ah oui, je crois que c'est bon là ! J'ai 53 ans, je m'adresse maintenant davantage aux 4 ans et plus vieillissants qu'aux 15-34 ans pétillants qui ne regardent plus la télé.
Quel regard portez-vous sur Christophe Beaugrand ? Vous avez été soupçonné de faire de l'ironie dans un message au moment de son officialisation comme présentateur de la nouvelle saison.
J'avais été le premier à dire que ce serait mon parfait remplaçant. Je le redis. On a cru que j'avais fait un post pour me foutre de sa gueule, ce qui n'est pas du tout le cas. Je pense qu'il est très bien pour faire ce programme là. Après, comme je l'ai dit avec un peu de prétention, je resterai celui qui a lancé ce genre de programme en France. J'ai posé les codes, le vocabulaire, les relances et c'est ma fierté. Je resterai le premier et l'unique (sourire). Non mais il ne faut pas faire de fausse modestie sur des choses dont on est propriétaire. En télé, nous ne sommes pas beaucoup à laisser une trace indélébile. Dans 50 ans, on se rappellera que la première émission de télé-réalité était présentée par Benjamin Castaldi. C'est une médaille, je l'affiche et je la revendique.
"Les dirigeants de TF1 ne m'aiment pas et je le leur rends bien"
Quelles sont vos relations avec TF1 aujourd'hui ?
Je n'ai aucune relation avec eux. Les dirigeants ne m'aiment pas et je leur rends bien (rires). Je suis arrivé à un âge où j'ai décidé de ne plus faire d'efforts.
Et M6 ? Vous leur aviez reproché en 2023 de ne pas vous avoir invité pour les 20 ans de "Nouvelle star"...
Il y a un vieux contentieux mais ce n'est pas grave. Pour le coup, M6 est une chaîne que j'aime beaucoup. J'aime beaucoup Thomas Valentin, je respecte énormément Nicolas de Tavernost. On a eu une fin qui ressemble à celle d'un vieux couple. Une femme trompée n'aime pas avoir été trompée. Je n'ai pas d'animosité.
Avec le recul, est-ce que vous diriez que "TPMP" vous a plus fermé de portes qu'elle ne vous en a ouvertes ?
Non, elle ne m'en a pas fermé tant que cela. Après, j'ai toujours une grande gueule. Oui, j'ai vexé TF1. Quand je l'ai fait, je pensais que j'avais raison. Quand un programme est mauvais ou qu'il est mal produit, autant le dire.
Vous n'avez jamais regretté ce que vous avez pu dire à l'antenne ?
J'ai un regret, c'est d'avoir fait de la peine à mon camarade Nikos. J'ai fait une sortie à la con au moment de la mort de Johnny Hallyday. Je l'ai blessé, je le regrette, il n'était pas responsable contrairement à ses patrons. Pour le coup, on s'est expliqué et je lui réitère toutes mes excuses. J'ai été maladroit.
"Je n'ai jamais été accro à l'antenne"
Êtes-vous proches de certains animateurs ?
Mes amis animateurs sont Michel Drucker, Jean-Pierre Foucault et Cyril Hanouna.
Christophe Dechavanne ne fait pas partie de cette liste ?
Dechavanne, je suis fan, ce n'est pas pareil ! Même s'il m'agace parfois prodigieusement et de plus en plus (rires). Il n'a pas changé lui. Mais bon, je suis fan. C'est un monsieur qui m'a donné envie de faire de la télévision donc je le respecte à ce titre.
Vous avez été à l'antenne en quotidienne pendant sept ans dans "TPMP". Psychologiquement, qu'est-ce que cela fait de ne plus avoir cette dose d'antenne ?
Rien ! Je n'ai jamais été accro à l'antenne. Cela ne me manque pas du tout. J'ai de la chance d'avoir tellement de choses en route, que ce soit la pièce ou des projets de fictions. La télé, ça va revenir. Ou pas d'ailleurs ! Si cela ne revient pas, tant pis, je me consacrerai à mon métier de producteur. Ce n'est pas très grave.
Un projet de fiction, c'est-à-dire ?
J'ai un très beau projet de fiction avec Fédération. C'est un thriller qui va tourner autour de la télé-réalité, il est en développement depuis un an. C'est très long et cela va surprendre. Je développe ça avec Angela Lorente (productrice de "Loft Story" à l'époque, ndlr). Non, je ne suis pas au chômage si c'est votre question (rires).