L’ambiance était électrique ce mardi 17 décembre sur le plateau de "L’Assemblée BFM", émission politique de BFMTV présentée par Benjamin Duhamel. Dans un débat déjà tendu sur la loi immigration, une altercation entre Manon Aubry, eurodéputée La France insoumise (LFI), et Julien Odoul, député Rassemblement national (RN), a fait basculer la discussion. Pendant cet échange musclé, ce dernier a tenu des propos "inacceptables", dénoncés par l’élue insoumise et le présentateur lui-même.
Aux alentours de 23h10, le débat portait sur l’association faite par l’extrême droite entre immigration et insécurité. Manon Aubry dénonce ce qu’elle considère comme une "assimilation abjecte et indécente entre immigration et insécurité, entre immigration et violences sexuelles". Julien Odoul, se sentant visé, rétorque : "Il y a un lien sourcé et évident." L’atmosphère se tend, les échanges se chevauchent, alors que le député RN ne cesse de l’interrompre. La voix de Manon Aubry s’élève pour réclamer la possibilité de s’exprimer pleinement : "Vous ne me laissez pas finir mes phrases. Monsieur Odoul ça suffit en fait ! Ça suffit !", s’exclame-t-elle.
C’est alors que Julien Odoul lance : "Calmez-vous, détendez-vous madame Aubry, prenez un verre d’eau froide !". Une phrase qui, instantanément, provoque l’indignation sur le plateau. La députée écologiste Sandrine Rousseau défend ainsi sa collègue :"Non non non, arrêtez". "Non alors là, les remarques sexistes monsieur Duhamel, je prends mon micro je m’en vais", répond Manon Aubry en s’adressant au journaliste. Benjamin Duhamel intervient alors pour rétablir le calme et rappeler les limites des échanges politiques : "Stop ! On va mettre les choses extrêmement au clair Julien Odoul. Sur ce plateau, on ne parle pas comme ça à des débatrices. Dire "prenez un verre d’eau et calmez-vous", ce sont des propos inacceptables", souligne-t-il avec fermeté, tandis que le député tente de l'interrompre.
"Je n’ai pas insulté madame Aubry, je lui ai juste demandé de se calmer", argumente-t-il. Pourtant, ses propos renvoient à une forme de paternalisme, qui en insinuant une supposée instabilité émotionnelle - une supposée "hystérie" -, décrédibilisent les propos de son interlocutrice. Une phrase qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de Gérald Darmanin, alors ministre de l'Intérieur, qui avait lancé "Calmez-vous madame, ça va bien se passer" à la journaliste Apolline de Malherbe lors d’une interview, ou encore le "Pour être président de la République, il faut être calme", de Nicolas Sarkozy face à Ségolène Royal en 2007.
"Sur ce plateau, il n’y a aucune partialité de ma part dans la façon de mener les débats", poursuit Benjamin Duhamel en s’adressant à Julien Odoul. "Vous avez eu la parole et je rappelle que dans une discussion on ne s’adresse pas à des personnes, a fortiori aux deux femmes qui sont sur ce plateau, en leur disant ‘calmez vous buvez un verre d’eau’. C’est inacceptable."
Manon Aubry ne décolère pas. "C’est abject et insupportable. Je le dis calmement et très posément, mais je me suis sentie insultée. Des millions de gens se sentent insultés quand vous prenez la parole", lance-t-elle, avant d’être à nouveau interrompue par le député RN. "Vous continuez ! C’est incroyable !" s’indigne-t-elle, en écho au chaos ambiant.
Après l’émission, les tensions se sont prolongées sur les réseaux sociaux. "Sexisme scandaleux du député RN Julien Odoul qui m’a manqué de respect pendant tout le débat et a nécessité un rappel à l’ordre de BFM. L’extrême droite c’est ça : le mépris des femmes et la haine du débat", écrit Manon Aubry en partageant la séquence. Mais de son côté, Julien Odoul, persiste et signe : "Contrairement à ces islamo-gauchistes, le RN ne trie pas les Français en fonction de leur couleur de peau ou de leur religion. Oui, il faut se calmer et s’hydrater !".
En avril 2021, lors d’un débat sur LCI, Julien Odoul avait déjà suscité l’indignation avec une remarque visant cette fois Florence Portelli (LR), en la réduisant à sa couleur de cheveux pour sous-entendre qu'elle soit "bête" : "Je ne suis pas blonde, moi." La vice-présidente de la région Île-de-France a immédiatement répliqué, dénonçant un sexisme flagrant, avant de partager l’échange sur Twitter pour interpeller Marine Le Pen et Jordan Bardella. Les réactions ont été nombreuses, de Valérie Pécresse à Marlène Schiappa, condamnant des propos révélateurs d’un sexisme persistant en politique. Julien Odoul a balayé les critiques, parlant de "trait d'humour populaire (souvent utilisé pour les filles)" et d'"indignations capillotractées".