Edito. C'est le passage obligé de toute campagne électorale. Le spot officiel, enregistré par chaque candidat, qui tourne en boucle sur les chaînes et radios publiques. Un objet télévisuel non identifié, souvent ringard et mal ficelé, véritable machine à zapper. Cette disposition du code électoral et de la loi audiovisuelle impose ce vieux rituel aux téléspectateurs-électeurs pendant les quinze jours précédant le premier tour de l'élection. 43 minutes de temps d'antenne par candidat sur France 2/France 3/France Ô/franceinfo/France Inter/France 24/RFI jusqu'au vendredi 21 avril. Un temps de parole découpé en émissions de "petit format" (1'30) et grand format (3'30). Un supplice.
Le tout, à des horaires de grande écoute, évidemment : après le journal de 20 Heures sur France 2, avant "Le Soir 3" sur France 3 ou à 14h45 sur France Inter pour les "petits formats". Ce matin, le premier tir groupé de ces clips de campagne a paralysé France 2 de 9h24 à 9h47 ! 23 minutes de spots indigestes de 7 candidats. Si France 2 voulait vider la salle, elle ne s'y prendrait pas autrement. Ce soir, après son 20 Heures, la principale chaîne publique enchaînera donc 10 spots de 1'30. 15 minutes de propagande présidentielle encadrée avant le prime... difficile d'imaginer pire locomotive.
C'est un paradoxe : alors que les chaînes privées sont aussi soumises à la stricte égalité du temps de parole des 11 candidats - une autre absurdité -, elles sont dispensées de la diffusion de ces insupportables clips officiels. TF1, M6 et les chaînes de la TNT feront à coup sûr le plein de téléspectateurs pendant cet exercice imposé sur les chaînes publiques. A l'heure des réseaux sociaux et des chaînes infos, on s'interroge plus que jamais sur l'utilité de ces clips, dont la production sans drapeau est encadrée par le CSA. Les Français, abreuvés depuis des mois sur les programmes et les profils des candidats à cette présidentielle par tous les médias - avec notamment des débats en prime, ont-ils vraiment besoin de ces spots pour se décider ? On en doute. Cette tradition archaïque, comme celle de l'égalité parfaite et casse-tête du temps de parole, mérite d'être abandonnée.