Dans un entretien au Monde, Bertrand Méheut revient sur l'avenir de sa chaîne payante TPS Star. Faute du succès économique, le patron du groupe Canal+ "envisage" de fermer cette chaîne ou de demander son basculement de la TNT payante à la TNT gratuite pour élargir l'audience de la chaîne et ainsi augmenter les recettes publicitaires. Deux autres chaînes payantes envisagent de basculer du payant au gratuit : LCI, la chaîne thématique du groupe TF1 largement déficitaire, mais aussi Paris Première, la chaîne haut de gamme du groupe M6 dont l'équilibre financier est jugé "fragile" par son propriétaire.
A l'origine, TPS Star était la chaîne premium du bouquet satellite TPS co-détenu par TF1 et M6. Sa grille des programmes était composée notamment d'événements sportifs et de grands succès du box-office. Lors du rachat de TPS par Canalsat, en 2006, l'Autorité de la concurrence a contraint Canal+ a maintenir le statut de TPS Star et, surtout, de la proposer à des distributeurs concurrents, comme les plate-formes de télévision des fournisseurs d'accès à internet. Mais, il y a quelques jours, l'Autorité de la concurrence a décidé de retirer son autorisation de rapprochement entre TPS et Canalsat, jugeant que 10 des 59 engagements pris par Canal+ en 2006 n'ont pas été respectés, dont celui de maintient de la qualité de TPS Star.
"En 2006, l'idée des autorités de la concurrence, que nous ne partagions pas, était de maintenir, à travers TPS Star, une offre premium alternative à Canal+ (...) Mais TPS Star n'a jamais eu de modèle économique viable. Ni avant la fusion avec Canal+, ni après", explique Bertrand Méheut qui dément une chute de la qualité de TPS Star. "Ce n'est pas le cas. La réalité c'est qu'il est sans doute impossible dans un pays de la taille de la France de faire coexister deux offres véritablement premiums (Canal+ et TPS Star, NDLR). Les droits de cinéma ou de sport coûtent cher ; c'est une gageure de les amortir sur une chaîne vendue à l'unité, à moins de disposer d'une base de millions d'abonnés. TPS n'a donc pas cessé de creuser ses pertes sur la période. Nous avons loyalement tenté d'appliquer un engagement qu'il était impossible de tenir", assure-t-il.
Canal+ va contester la décision de l'Autorité de la concurrence devant toutes les juridictions possibles. D'ici là, elle devra soumettre une nouvelle demande d'agrément de l'opération de rapprochement entre TPS et Canalsat auprès de l'Autorité et négocier de nouveaux engagements. Interrogé sur l'avenir de TPS Star, Betrand Méheut assure ne pas avoir d'opinion tranchée. "Je ne sais pas quelle sera la situation dans six mois. Toutes les options sont possibles : la fermer, demander son passage sur la télévision numérique terrestre (TNT) gratuite, comme Paris Première et LCI, pour tenter d'arriver à l'équilibre", indique le patron de la filiale de Vivendi.
Rappelons enfin que Canal+ a annoncé le futur rachat de Direct 8 et Direct Star auprès du groupe Bolloré. A l'issue de cette opération, le groupe de Betrand Méheut disposera de huit fréquences sur la TNT (Canal+, TPS Star, i>Télé, Direct 8, Direct Star, Canal+ Sport, Canal+ Cinéma et Planète+). Or, selon la loi, un acteur ne peut détenir plus de 7 fréquences. Selon toutes probabilités, Canal+ "rendra" soit la fréquence de Planète+, soit celle de TPS Star, d'autant plus que la convention de cette dernière arrive à échance au printemps prochain...