Une sanction confirmée. Plus de trois ans après la diffusion dans "Touche pas à mon poste" d'un canular jugé homophobe, le Conseil d'Etat a confirmé mardi la sanction financière infligée par le Conseil supérieur de l'audiovisuel à C8 à hauteur de 3 millions d'euros, comme le rapporte l'AFP. Une affaire qui a connu plusieurs rebondissements. Petit retour en arrière.
Le 18 mai 2017, dans son émission "TPMP - Radio Baba", Cyril Hanouna s'était fait passer, dans le cadre d'un canular téléphonique, pour Jean-José, un jeune homme de 26 ans bisexuel qui avait posté une annonce sur un site de rencontres bisexuelles. L'animateur avait pris une voix efféminée pour se faire passer pour le jeune homme de l'annonce, adoptant une attitude maniérée. Le canular, jugé homophobe, avait à l'époque créé un immense tollé, le CSA enregistrant pas moins de 37.000 signalements.
La polémique avait été d'autant plus forte que l'association Le Refuge, qui lutte contre l'homophobie, avait fait savoir, par la voix de son président Nicolas Noguier, que l'un des interlocuteurs de "Jean-José" avait été identifié par ses parents et que ceux-ci avaient décidé de le mettre à la rue. Sous la pression des réseaux sociaux, les annonceurs avaient déserté momentanément les espaces publicitaires du talk-show de Cyril Hanouna, entraînant un important manque à gagner pour C8. Et le gendarme de l'audiovisuel avait condamné la chaîne à une amende de 3 millions d'euros.
Mais en novembre 2018, Nicolas Noguier avait reconnu avoir été trompé par un de ses bénévoles et confirmé ainsi qu'il n'y avait jamais eu d'appel d'un adolescent en détresse en raison de l'émission de C8 ce soir-là. Une révélation qui avait incité C8 à contester l'amende infligée. "C'est notamment à partir de ce faux témoignage que le CSA a pris la décision de lourdement sanctionner la chaîne. Nous espérons que le CSA de lui-même reviendra sur ce préjudice", avait réagi la chaîne dans la foulée.
Las, les Sages avaient confirmé leur sanction, incitant la chaîne gratuite du groupe Canal+ à porter l'affaire devant le Conseil d'Etat. La plus haute juridiction administrative française a décidé cette semaine de rejeter la requête de la chaîne. "Il résulte de l'instruction que la sanction prononcée (par le CSA, ndlr) ne reposait que sur le contenu de cette émission, et non sur ses conséquences supposées", peut-on ainsi lire dans la décision rendue. Canal+ et C8 ne sont donc "pas fondées à demander l'annulation de la décision qu'elles attaquent", estime l'institution.
Mais comme le rappellent nos confrères de "Capital", le dossier n'est pas encore clos. Au nom d'une atteinte à la liberté d'expression qu'elle juge disproportionnée, la filiale du groupe Vivendi a ainsi saisi la Cour européenne des droits de l'homme, où l'affaire est toujours en cours d'instruction.