CSA vs C8, deuxième round. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel s'est penché aujourd'hui sur la séquence polémique diffusée en mai dernier dans l'émission "TPMP Radio Baba" de Cyril Hanouna sur C8. Jugé homophobe par de nombreux téléspectateurs, ce canular avait déclenché une tempête médiatique et même politique, ainsi qu'une fuite des annonceurs de C8.
Aujourd'hui, le CSA a estimé dans un communiqué qu'avec la diffusion de cette séquence, C8 avait "gravement méconnu le principe de respect de la vie privée, ainsi que son obligation de lutter contre les discriminations". Le régulateur de l'audiovisuel a ainsi décidé de condamner C8 à une amende de 3 millions d'euros. Les Sages ont ainsi décidé une nouvelle fois de ne pas suivre les conclusions du rapporteur indépendant ayant instruit le dossier. Ce dernier avait pour sa part préconisé la suspension de la diffusion de "Touche pas à mon poste" pendant une semaine. Le CSA a sans doute voulu par là se prémunir de tout contournement de sa sanction par C8, en asseyant son amende sur un pourcentage du chiffre d'affaires de la chaîne, pour l'instant inconnu. Ce dernier est en tout cas inférieur à 3% du chiffre d'affaires hors taxes de C8, le maximum autorisé par la loi.
Dans son communiqué, le CSA tient à rappeler "qu'il a reçu à ce jour près de 47.000 plaintes concernant ce programme". Il souligne aussi que depuis 2015, il a traité "près de 16 dossiers et a répondu aux plaignants qu'il n'y avait pas eu de manquement pour 4 séquences, prenant notamment en compte le caractère qui se voulait humoristique de l'émission". Par ailleurs, le régulateur précise qu'il a prononcé "3 mises en garde et 2 mises en demeure, outre des courriers d'observation adressés à la chaîne". Le CSA conclut en estimant qu'il "a donc privilégié le dialogue et multiplié les avertissements, sans manifestement être entendu".
Cette sanction n'est en effet pas la première pour C8 et Cyril Hanouna. En juin dernier, le CSA avait déjà privé "Touche pas à mon poste" d'écrans publicitaire pendant trois semaines. Une décision prise pour sanctionner deux séquences litigieuses, l'une avec Matthieu Delormeau, l'autre avec Capucine Anav.
Jugée "disproportionnée" et "discriminatoire" par la direction de la chaîne, cette première sanction a entraîné une demande de remboursement de C8 auprès du CSA, à hauteur de 13 millions d'euros. Le préalable à l'introduction d'un recours indemnitaire devant le Conseil d'Etat.