La réforme annoncée de la chronologie des médias avance. Comme le rapporte Les Echos aujourd'hui, le CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée) a remis en juillet aux organisations professionnelles concernées une série de propositions sur le sujet, après la publication des rapports Lescure (mai 2013) et Bonnell (janvier 2014) abordant déjà la question.
L'idée est toujours d'adapter au monde du numérique ce calendrier d'exploitation des films après leur sortie en salles sur les autres supports : télévision payante, télévision gratuite, plate-formes de VOD... etc. En juillet dernier, Aurélie Filippetti avait elle-même plaidé pour une réforme de cette chronologie. La ministre de la Culture avait notamment annoncé son intention de favoriser les acteurs français du secteur grâce à cette réforme, à quelques jours de l'arrivée de l'opérateur américain Netflix.
Au final, le CNC ne préconise pas de révolution des grands équilibres de la chronologie des médias. L'établissement public plaide ainsi pour une réduction de deux mois de la période séparant la sortie en salles d'un film et sa diffusion sur les chaînes de télévision. Ainsi, Canal+, grand argentier du cinéma français, serait alors en mesure de les diffuser huit mois après leur sortie au lieu de 10 mois. Quant aux chaînes gratuites, leur fenêtre d'exploitation s'ouvrirait désormais au bout de 20 mois, contre 22 actuellement.
Concernant la vidéo à la demande, le CNC préconise de maintenir le délai d'exploitation à quatre mois après la sortie du film au cinéma. Ce délai pourrait cependant faire l'objet de nouvelles dérogations pour les films ayant eu une vie difficile en salles. Le CNC envisage ainsi qu'un long métrage ayant réalisé moins de 20.000 entrées sur ses quatre premières semaines d'exploitation en salle puisse automatiquement sortir en VOD au bout de trois mois seulement.
Quant à la vidéo à la demande par abonnement (SVOD), le CNC propose de ramener le délai de mise à disposition des films sur les plate-formes de 36 à 24 mois. L'établissement public va ainsi moins loin que le rapport Lescure qui avait proposé d'ouvrir cette fenêtre seulement 18 mois après la sortie en salles. Tout comme Aurélie Filippetti, le CNC n'autoriserait cependant cette réduction du délai que pour les acteurs dits "vertueux", autrement dit ceux qui participent au financement de la création. Un moyen de contraindre Netflix à respecter les nombreuses règles s'imposant aux industries culturelles en France.