Une crise historique. Dans un communiqué publié ce jour, la Société des journalistes de "Science & Vie" annonce la démission de neuf membres de la rédaction. "Les deux rédacteurs en chef adjoints, la chef de service, le rédacteur en chef des hors-séries, la première secrétaire de rédaction, ainsi que quatre rédacteurs, dont trois pigistes, ont pris la décision de quitter 'Science & Vie', propriété de Reworld Media depuis août 2019", peut-on lire. Cela représente la quasi-totalité de la rédaction actuelle. Les départs des cinq titulaires, effectifs depuis le début du mois, ne seront pas remplacés selon la SDJ.
Seul un rédacteur a choisi de rester et a été promu rédacteur en chef adjoint, sous la supervision du directeur de la rédaction en place depuis le mois de novembre, Philippe Bourbeillon. Une rédaction qui se caractérise désormais par "l'absence totale d'expertise scientifique au sein de la rédaction" déplorent les signataires. "Il n'y a plus d'autre journaliste en interne pour réaliser le travail de veille d'actualité et de cohésion éditoriale, ni pour assurer l'élaboration d'un sommaire équilibré et dynamique. Cette veille se retrouve confiée, ainsi que la quasi-totalité de la rédaction des articles, aux journalistes pigistes", poursuivent-ils.
Pour la société des journalistes, cette nouvelle donne est "incompatible avec la réalisation, dans des conditions acceptables, d'un magazine scientifique de référence".
Cette vague de départs rappelle celle qui avait suivi le rachat des titres de Mondadori France par Reworld Media et qui avait incité une dizaine de personnes à faire valoir leur clause de cession, réduisant alors la rédaction de moitié. Dirigé par Pascal Chevalier, Reworld Media est précédé d'une réputation peu flatteuse en matière de déontologie journalistique. La gestion du site internet de "Science & vie" a ainsi été confiée à des "chargés de contenus" non journalistes. Un changement qui a entraîné le vote d'une motion de défiance en novembre dernier à l'encontre de la nouvelle directrice des rédactions, Karine Zagaroli.
De son côté, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a confié une mission de réflexion à la présidente de la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP) afin de réfléchir à la manière de conditionner l'accès des aides à la presse à la présence de journalistes dans les rédactions. Dans le viseur de la ministre également : le site France-Soir, accusé de relayer de fausses informations et de faire la part belle aux théories complotistes en cette période de crise sanitaire.