Epilogue judiciaire. Dans une décision attendue rendue ce mercredi par le tribunal de grande instance de Paris, l'hebdomadaire "Valeurs actuelles" a été condamné pour injure publique à caractère raciste à l'égard de la députée de La France insoumise, Danièle Obono. Trois responsables du titre conservateur - Erik Monjalous, directeur de publication ; Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction et Laurent Jullien, alias Harpalus, journaliste qui a signé l'article mis en cause - ont chacun été condamnés à une amende de 1.500 euros. Ils devront de plus verser 5.000 euros de dommages et intérêts à Danièle Obono.
L'affaire avait débuté au mois d'août 2020 avec la parution dans "Valeurs actuelles" d'un sujet de sept pages intitulé "Obono l'Africaine" dans lequel l'élue française était représentée en esclave avec des chaînes autour du cou. "La députée insoumise expérimente la responsabilité des Africains dans les horreurs de l'esclavage", pouvait-on lire en incipit. Ce dossier polémique avait conduit LCI à ne plus faire appel à Geoffroy Lejeune pour débattre sur ses plateaux. Sur Twitter, Danièle Obono avait dénoncé le "racisme" de l'hebdomadaire, qui l'avait imaginée sous cet aspect controversé dans le cadre d'une série d'été de politique-fiction.
Rejetant ces accusations, "Valeurs actuelles" avait peu après présenté ses excuses. Lors du procès le 23 juin dernier, Geoffroy Lejeune avait défendu la liberté de la presse et évoqué "dans le pire des cas", une "maladresse". Danièle Obono avait déploré pour sa part "l'humiliation et le déni de (son) humanité", comme le rapporte "Le Point".
Dans un tweet publié dans la foulée du jugement, Danièle Obono s'est réjouie de cette issue, écrivant en substance : "Aux fachos, aux haineux, aux rageux : 'Obono l'Africaine' insoumise vous emmerde. On y est, on y reste, on ne partira pas. Et à la fin, c'est nous qu'on va gagner". Lors de ses réquisitions, le procureur avait pointé "des injures racistes travesties sous l'apparence de la création" qui étaient selon lui "tout aussi dangereuses que l'attaque frontale".
Contacté par puremedias.com, Geoffroy Lejeune a indiqué son intention d'interjeter appel de cette décision.