Tout est parti d’un tweet. Selon un article du média “L’Informé”, le journaliste Daniel Schneidermann est convoqué par la direction de "Libération" ce jeudi 17 octobre, et il devrait recevoir un avertissement. Le 4 octobre dernier, sur le réseau social X, le journaliste qui tient la chronique “Médiatiques” dans le quotidien depuis 2003, a repartagé une vidéo postée par Arthur Sarradin, journaliste indépendant, correspondant au Proche-Orient et spécialiste du Liban. Dans cette vidéo glaçante, on peut voir son duplex depuis Beyrouth pour LCI interrompu par des bombardements israéliens.
Daniel Schneidermann accompagne alors sa propre publication par un court message, en citant les mots prononcés par Arthur Sarradin, également collaborateur de “Libération”, lors de son direct : “Bombardements : ‘Je suis désolé, on les entend vraiment beaucoup ce soir…’". Partageant à son tour le tweet du journaliste de “Libé”, également fondateur du média indépendant “Arrêt sur images”, un internaute critique alors les mots d’Arthur Sarrazin. “‘Je suis désolé’ (je m’excuse qu’Israël massacre et bombarde de manière aussi bruyante et visible), je ne sais pas si on se rend compte du niveau de folie auquel on est confronté”, écrit-il. Il n'en fallait pas plus pour que certains y voient une critique de Daniel Schneidermann envers son confrère. “Ce n'est pas du tout ce que je voulais dire, en sortant cette phrase du reportage”, rectifie alors Daniel Schneidermann dans un nouveau message. “Je ne me permettrais pas une interprétation aussi fermée, d'une phrase qui échappe à un reporter dans un direct aussi épouvantable.”
Toutefois, toujours selon “L’Informé”, sa précision n’a pas suffi à le tirer d’affaire. Son premier tweet a ainsi suscité de vives réactions au sein de la rédaction de “Libération”, où plusieurs journalistes se sont indignés de ses propos. “C’est une immense indélicatesse de sa part”, explique l’un d’entre eux à “l’Informé”. “Certains n’étaient pas contents du tout, notamment au service international. La Société des journalistes et du personnel de Libé (SJPL) a été sollicitée, et le sujet a été abordé en comité de rédaction lundi 7 octobre”, révèle encore la source. Lors de ce comité, la SJPL a réaffirmé son soutien au journaliste, soulignant qu’une “exigence de confraternité” entre les journalistes de la rédaction.
Selon plusieurs sources citées par “L’Informé”, ce différend intervient dans un contexte de division au sein du quotidien, exacerbée par le conflit armé. “Depuis le 7 octobre, le journal est très divisé sur le conflit israélo-palestinien, explique un journaliste. Une partie de la rédaction, notamment Daniel Schneidermann, est sur une ligne pro-palestinienne. Une autre partie de la rédaction est sur une ligne pro-israélienne. Les chroniques de Schneidermann, qui choisit librement ses sujets, énervent donc bien les pro-israéliens”, assure un observateur. Mais selon un autre membre de la rédaction, “ce n’est pas la première fois qu’il agace. Il fait partie des gens qui créent toujours des débats, et la réaction face à ce tweet est l’expression d’une usure dans la rédaction, avec des gens qui sautent sur l’occasion pour lui faire ce rappel à l’ordre.” Une théorie cependant contestée par un cadre de "Libé", qui évoque “un tweet très précis qui a causé un certain émoi dans la rédaction.”